Attentat à Strasbourg : les théories du complot se multiplient sur des groupes Facebook de "gilets jaunes"
De nombreux internautes assurent que le gouvernement, ou les services secrets, sont à l'origine de l'attaque survenue mardi soir à Strasbourg, qui a fait au moins trois morts. Des théories fermement démenties par le gouvernement.
Un attentat "organisé par les services secrets" ou "les politiciens" pour"déclencher l'état d'urgence" et "casser le mouvement".
Dans des groupes Facebook de certains "gilets jaunes", le scepticisme est de mise sur la nature des coups de feu qui ont été tirés près du marché de Noël de Strasbourg, mardi 11 décembre au soir, faisant au moins deux morts, un en état de mort cérébrale et 12 blessés.
Pour beaucoup d'internautes, il s'agit d'une diversion du gouvernement, empêtré dans la crise des "gilets jaunes" depuis plus d'un mois. "Et voilà !!! Ce qui devait arriver arriva. Un 'attentat' déclenché juste au lendemain du discours de Macron et avant le prochain samedi de manifestations...", écrit ainsi un internaute dans le groupe Facebook Acte 5 : Macron démission, qui rassemble plus de 62 000 personnes. L'un des chefs de file du mouvement, "Fly Rider", alias Maxime Nicolle, s'interroge aussi, dans une vidéo face caméra publiée mardi soir sur le groupe Facebook dont il est l'administrateur : "Dites-vous bien que le mec qui veut faire un attentat vraiment, il attend pas qu'il y ait trois personnes dans une rue le soir à 20 heures, il va en plein milieu des Champs-Elysées quand il y a des millions de personnes et il se fait exploser. Ça c'est un vrai attentat".
"Dites-vous bien que le mec qui veut faire un attentat vraiment, il attend pas qu'il y ait 3 personnes dans la rue le soir à 20h00"...#Strasbourg : l'indispensable analyse du #GiletJaune Maxime Nicolle ⤵️ pic.twitter.com/3qf8d9qlN5
— Conspiracy Watch (@conspiration) 11 décembre 2018
Les commentaires fermés sur certains groupes
Dans plusieurs cas, des "gilets jaunes" pointent du doigt une capture d'écran de BFMTV, relayant un tweet de la préfecture du Bas-Rhin annonçant qu'un"événement est en cours" à... 11h47, soit environ 8 heures avant les faits. En réalité, et comme nous l'avons expliqué, cet horaire apparemment incohérent s'explique par un simple problème de paramétrage de fuseau horaire sur Twitter.
D'autres voient dans l'article que consacre BFMTV au drame, titré sur le bilan mais répertorié dans Google depuis treize heures (donc bien avant les faits), une nouvelle preuve de la manipulation des médias et du gouvernement. En réalité, BFMTV, comme beaucoup d'autres médias dont franceinfo, mettent à jour au fil de la journée un fil d'actualité, créé le matin. L'article a donc pu être mis en ligne, et répertorié sur Google, mardi matin, sur une actualité différente... mais retitré avec les dernières informations concernant la fusillade dans la soirée.
Face à l'affluence de messages, plusieurs administrateurs de ces groupes ont annoncé mardi soir qu'ils préféraient fermer temporairement la modération et empêcher toute publication dans le groupe. Une intiative saluée par de très nombreux "gilets jaunes" qui se désolidarisent totalement de ces messages et appellent au recueillement. Mercredi matin, de nombreux posts émettant des doutes sur l'origine de l'attaque semblent en effet avoir été supprimés du groupe La France en colère !!!.
"Comment peut-on dire des choses pareilles ?"
Interrogé sur RTL mercredi matin, le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, a déploré l'existence de ces théories : "Chaque fois qu'il se passe des choses ignobles, de l'ignoble se rajoute à l'ignoble".
Même son de cloche chez son collègue Laurent Nuñez, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner. "Je suis indigné par ça, comment peut-on dire des choses pareilles ? Un assaillant a tué trois personnes hier à Strasbourg, des personnes sont entre la vie et la mort – deux luttent pour la vie – (...) on est clairement dans les thèses complotistes. On avait vu dans d'autres tweets, dans d'autres publications, que les thèses complotistes fleurissaient dans leurs rangs (des "gilets jaunes"), on en a la confirmation", a-t-il déclaré sur France Inter, mercredi.