Manou Bouzid, correspondante du Kiosque aux Canards en Tunisie, nous cause foulard, mais pas chiffon...

Après l’épidémie du port du foulard qui s’est emparée de la Tunisie, comme de l’Algérie et du Maroc, cette mode a atteint aussitôt les émigrées de France.

Mais qu’est ce qui pousse les tunisiennes de France à porter le foulard ?

Seuls les nahdaouistes sont allés voter

Je vais jeter un pavé dans la marre, n’en déplaise aux tunisiens de Tunisie, mais si les émigrées ont décidé de porter le foulard c’est en partie à cause d’eux !

Je ne parle pas du nikab qui est un mouvement à part et qui est plus politique que sociétal faisant parti d’un processus d’endoctrinement, mais juste du foulard ou hijab.

Je suis en France depuis quelques jours et quelle n’a pas été ma stupeur de constater que le port du foulard, chez les émigrées de deuxième et de troisième génération - donc des filles et des femmes nées en France - était dans les mêmes proportions qu’en Tunisie post révolutionnaire. Aussi, on taxe souvent les émigrés d’avoir voté en masse pour Ennahda.

Pour remettre les choses à leur place il faut savoir que seul ceux qui ont voté pour Ennahda, se sont déplacés en masse.

Car, tout comme les jeunes en Tunisie n’ont pas pris la peine d’aller voter, les jeunes émigrés, déconnectés de la politique tunisienne, ne se sont pas déplacés pour aller aux urnes ayant l’habitude des élections truquées de Zine Ben Ali. Et comment le leur reprocher ?

Le snobisme des tunisiens

En France les émigrés, même de nationalité française et bien qu’ils y soient nés, ne sont pas considérés comme français par une partie de la population qui les traite de beurs. En Tunisie, ils sont des sous citoyens que les tunisiens appellent péjorativement les « chez nous là bas ».

En fait, ces tunisiens de l’étranger se retrouvent assis le cul entre deux chaises, position bien inconfortable que confirmeront tous ceux qui se sont essayé à cet exercice acrobatique.

Suite à la politique raciste, en direction des beaufs, de l’ex président futur bagnard Sarkozy, de celle de la Marine qui veut faire oublier, en ce moment, les photos d’elle et d’un ancien SS ; ces émigrés ne savent plus à quel saint se vouer.

Ils sont tuniso-français et musulmans.

Pour être assimiler comme français par ces personnes qui prônent le fascisme dans le pays des droits de l’homme, même si l’on est issu de l’immigration, il faut être en adéquation avec le mode européen ; à savoir un faciès européen, une culture européenne, une façon de vivre à l’européenne et surtout être chrétien ou athée, ça passe aussi, mais surtout pas musulmans ; les beauf ne connaissant de l’islam que ce que les islamistes prônent, c’est à dire, en fait, quelques centièmes de pour-cent du monde culturelle musulman.

Même si la gauche française n’est pas parfaite (mais qui l’est ?) elle reconnait le droit à la différence, que se soit dans les orientations sexuelles, la religion, ou simplement les origines de ses citoyens, contrairement à la droite actuelle, à l’extrême-droite et à tous ces guignols ultra-nationalistes qui prônent des références historiques de personnages ayant trahi leur propre pays.

Pour se fondre dans la masse et être assimilés comme français, certains tunisiens changent leur nom et prénom. En s’appelant Michel Dupond, ils pensent qu’ils auront plus de chances de réussite qu’en s’appelant Ali Mohamed, rayant ainsi le passé de leurs familles, et allant jusqu’à adhérer au Front National, le comble pour un arabe.

Mais n’en déplaise à Ali “Michel Dupond†Mohamed, il sera quand même traité de sale arabe à la première occasion car il peut changer son nom, sa religion, mais pas sa tête et il peut difficilement faire abstraction de son accent.

C’est ce que fit par ailleurs le Sarkozy, issu d’une famille émigrée hongroise et de mère juive séfarade, racines qu’il s’est empressé d’oublier pour se complaire à fustiger les émigrés. Un psychiatre déterminerai cela comme un complexe lattant poussant le patient à renier ce qu’il est. Mais l’histoire, une fois encore, regorge de ce type d’exemples.

Si l’émigré maghrébin est continuellement perçu comme quelqu’un venu profiter des bienfaits de la France, bien qu’ils soient de 2nd ou de 3ème génération, et bien que ce soit la France qui est demandé à ses ancêtres de venir refaire ses routes, il n’est pas mieux accueilli en Tunisie.

Pour ne pas être un « chez nous là bas » il faut habiter Neuilly

Le coté snobinard à deux balles qu’affichent certains tunisiens à l’égard de leurs frères résidants à l’étranger est tout aussi désastreux sur le moral de ces francs beurs que le fascisme de Madame Marine Sarkozy ( oui je crois qu’ils se sont mariés) ; car nous aussi nous avons nos fachos.

Pour être bien perçus par ses con-citoyens, l’émigré doit résider dans les arrondissements de Paris plutôt côtés, avoir une profession libérale, être cadre avec un titre pompeux dans une entreprise de renommée mondiale, avoir une résidence secondaire en Tunisie en banlieue nord ou dans une station balnéaire, et surtout ne pas avoir d’accent ni en arabe, ni en français, il doit maitriser parfaitement les deux langues.

Ce Tunisien doit s’être installé en France à la suite d’études supérieures et, tant qu’à faire, être sorti major des grandes écoles ce qui expliquerait qu’il ait décidé de rester en France (Les tunisiens devraient remercier François Hollande qui a abrogé la circulaire Guéant).

En Tunisie, on adore dire « ENA », « Centrale », « Prépa » ; la fac étant trop fréquentée par les émigrés qui se lancent, à leur tour, dans les études supérieures au grand dam des fachos à 3 sous qui préfèrent considérer tous les émigrés maghrébins comme des voleurs, des dealers ou au mieux comme des profiteurs de la France. Alors que ces derniers contribuent à payer leurs retraites.

Ça, c’est du coté des snobinards. Du coté plus populaire ; c’est le rejet dû à la jalousie, l’émigré vit en France et bénéficie des avantages sociaux et peut s’acheter des voitures et voyager, alors qu’eux doivent bosser pour pas grand-chose.

Pour cette classe sociale, l’émigré achète une belle voiture à crédit pour venir frimer l’été. Mais eux aussi achètent leurs voitures à crédit ; quel mal à ça ? Et de toutes façons pour avoir un crédit, il faut travailler, quoi de plus honorable ? Là est la pensée de nos beaufs à nous.

Le beur ; français et tunisien de 2è catégorie

Les beurs, comme on aime les appeler, travaillent toute l’année et se paient un voyage en été qui leurs coûtent les yeux de la tête, quand ils n’y laissent pas un bras. D’ailleurs, ils permettent de faire travailler Tunis air et la Cotunav en compensant ainsi les pertes dues au désistement des touristes.

Si les émigrés ne venaient plus, ces deux compagnies déposeraient le bilan. Pour les tunisiens restés au pays comme pour les Sarko-Marine, l’émigré n’est en France que pour profiter du RSA et des allocations. La réalité est tout autre. L’émigré, comme le français de souche, fait partie de toutes les couches sociales.

Si l’on entend plus parler des délinquants, c’est parce qu’une partie de cette population vit encore dans des citées ghetto propices à la délinquance. Ceux qui ont eu la chance de pouvoir éviter ces cités, vivent comme tous les français avec des hauts et des bas, travaillant et payant leurs impôts.

Ces émigrés n’ont jamais réussis à trouver une place d’un coté ou de l’autre de la Méditerranée.

Les « chez nous là bas » au secour de la Tunisie

Après le 14 janvier, les touristes boudant la Tunisie ; les émigrés sont venus en masse pour renflouer les finances désastreuses, dues, à cette période là, non pas à l’insécurité mais à la mauvaise publicité de plusieurs médias occidentaux et notamment français sous le règne de Sarkozy 1er, fort de son intervention en Lybie, qui préférant favoriser les investissements au Maroc, se mirent à décrire la Tunisie comme un nouvel Afghanistan.

Consciente de ce nouveau pouvoir reconnu et voulant être considérée comme tunisienne à part entière ; la fille “émigrée†se voile pour suivre la tendance et se fondre dans la masse. Ainsi, elle n’était plus la beurette venue de France, mais une tunisienne parmi tant d’autres ; le voile ne cache pas que les cheveux car il voile aussi certaines inégalités sociales et il prend, dans ce contexte, le rôle d’uniforme qui ne différencie pas les émigrées des autochtones.

En France, elle trouve le foulard plus logique pour elle.

En effet, la société française ne l’a voyant que comme une émigrée et une musulmane ; autant affirmer totalement ses origines et vivre en adéquation avec ses racines dans un pays qui se dit tolérant au lieu de faire comme Michel Ali Dupond Mohamed, qui vit dans le mensonge et le déni de soi.

En bref les tunisiennes de France se voilent pour être acceptées par les tunisiens de Tunisie et, en France, pour s’affirmer sans complexes et pour ne pas sombrer dans la schizophrénie due au dédoublement de personnalité.

Le foulard en France et ailleurs ; bien loin d'un positionnement religieux, en fait.

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