Pourquoi Vincent Peillon a raison de vouloir “Refonder l’école” ?
13 déc. 2012
La troisième PIRLS (Progress in International Reading Literacy Study) vient de paraître
Cette enquête est menée tous les cinq ans et s’appuie sur les résultats de 54 pays quant à la scolarité des élèves à la fin de leur quatrième année de scolarité obligatoire. Avec un score de 520 points, les petits Français se situent au-dessus de la moyenne internationale (500 points).
Mais si l’on compare avec des pays ayant le même niveau de développement - ceux de l’Union Européenne et de l’OCDE (l’Organisation pour la coopération et le développement en Europe) -, la moyenne française est bien inférieure, très loin derrière les quatre du peloton de tête : Hongkong (571 points), la Russie (568), la Finlande (568) et Singapour (567).
En dix ans, le niveau de lecture des élèves français a baissé
Entre 2001 et 2011, le niveau de lecture des jeunes Français a en plus légèrement baissé - l’enseignement privé s’en tirant toutefois mieux que le public. Mais le plus grave est ailleurs : c’est dans les compétences les plus complexes - consistant à «interpréter» ou à«apprécier» un texte - que les élèves de CM1 sont les plus faibles et où leurs performances ont décliné ces dernières années.
Les Français sont plus à l’aise dans les QCM (questions à choix multiples) ou dans les exercices simples de lecture, demandant à «prélever» des informations ou à faire des déductions. «Plus la réponse attendue doit être élaborée, plus le score des élèves français diminue : 53% de réussite aux questions à réponses construites brèves (un mot ou un groupe de mots), et 20% aux questions où on attend un petit paragraphe»,souligne la note de la DEPP (direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) du ministère de l’Education.
Trop de réponses laissées en blanc et trop d’épreuves non terminées
Comme lors des deux études précédentes, craignant de se tromper ou fâchés avec l’écrit, les Français se distinguent des autres Européens par le nombre important de réponses qu’ils laissent en blanc dès qu’il s’agit de rédiger. Ils sont aussi plus nombreux, avec les Belges, à ne pas terminer les épreuves - sept fois plus que les Finlandais, les Néerlandais ou les Irlandais du Nord.
La DEPP rappelle l’une de ses études récentes montrant la hausse du nombre d’élèves en difficulté à l’écrit depuis une dizaine d’années :«Près d’un élève sur cinq est aujourd’hui concerné en début de sixième, et la dégradation concerne plus particulièrement les élèves les plus en difficulté.» Dans l’enquête PIRLS, les petits Français sont ainsi surreprésentés dans le groupe le plus faible et sous-représentés dans le plus fort.
Les deux réformes scolaires Sarkozy inefficaces
Réalisée en 2011, la dernière enquête PIRLS a porté sur des élèves qui ont suivi les nouveaux programmes introduits en 2008 et qui sont passés à la semaine des quatre jours - deux réformes de l’ère Sarkozy. Mais cela n’a pas permis d’inverser la tendance, ce qui était pourtant le but affiché.
Cela n’a pas échappé à Vincent Peillon qui, dans un communiqué, a fustigé «l’échec des politiques menées depuis 2007». Le ministre de l’Education en a profité pour vanter le bien-fondé de sa Refondation de l’école, avec la priorité donnée au primaire et la réforme de la notation pour «redonner confiance aux élèves».