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« Le temps est venu de construire un système universel de retraite », a lancé le Premier ministre ce mercredi. Dans un discours de plus de quarante-cinq minutes, Edouard Philippe a dévoilé l’architecture de la réforme des retraites du gouvernement, à l’origine d’un mouvement de contestation dans le pays. Voici les principaux points à retenir.

L’annonce de la fin des régimes spéciaux

« La mise en place d’un système universel implique la suppression des régimes spéciaux », a expliqué Edouard Philippe. « Je le dis avec tranquillité, avec calme, avec détermination, avec respect pour les organisations syndicales, pour les travailleurs, pour ceux qui choisissent de travailler malgré la grève : le temps du système universel est venu, celui des régimes spéciaux s’achève », a ajouté le chef du gouvernement.

Certaines professions conserveront toutefois des régimes spécifiques. « Ceux qui sont exposés à des missions dangereuses », comme la police, les pompiers, les gardiens de prison, et les militaires, « continueront de bénéficier de dérogations d’âge », a précisé le Premier ministre.

La valeur du point fixée par les partenaires sociaux

Les partenaires sociaux fixeront la valeur du point « sous le contrôle du Parlement », a-t-il assuré. « La loi prévoira une règle d’or pour que la valeur du point acquis ne puisse pas baisser » avec « une indexation non pas sur les prix mais sur les salaires qui dans notre pays augmentent plus vite », a précisé le Premier ministre. « Il n’y a pas d’agenda caché, nous ne cherchons pas de petites économies », a-t-il encore assuré : « Notre ambition d’universalité est une ambition de justice sociale, nous ne voulons léser personne », « il n’y aura ni vainqueur ni vaincu ».

L’âge légal fixé à 62 ans, avec « un âge d’équilibre » et « un système de bonus-malus » 

« La seule solution, c’est de travailler progressivement un peu plus longtemps. Nous maintiendrons l’âge minimal de départ à la retraite à 62 ans. C’est un principe de liberté auquel nous voulons rester fidèles », a ajouté Edouard Philippe. Le chef du gouvernement a également annoncé la création d’un « âge d’équilibre » avec un système de bonus-malus pour inciter les Français à partir à la retraite plus tard. « Nous ne pouvons pas mettre en place un âge d’équilibre à 64 ans d’un coup d’un seul », a fait savoir Edouard Philippe. L’âge pivot entrera en vigueur en 2027.

Une pension minimale de 1.000 euros

Le système des retraites réformé garantira « une pension minimale de 1.000 euros net par mois pour une carrière complète au Smic », a encore garanti Edouard Philippe. « Le système universel permettra de mieux protéger les Français les plus fragiles, qui sont de fait trop souvent les oubliés du système », a plaidé le Premier ministre, précisant que ce minimum de pension « sera garanti par la loi à 85 % du Smic dans la durée et évoluera comme celui-ci ».

Une cotisation de solidarité pour les plus riches

« Le régime universel est fondé sur la solidarité nationale. Jusqu’aux 120.000 euros de revenu annuel, tout le monde cotisera au même taux pour s’ouvrir des droits. Et au-delà de ce montant, les plus riches paieront des cotisations supplémentaires pour financer des droits supplémentaires pour tout le monde », a déclaré le Premier ministre.

Les Français nés après 1975 pas concernés par la réforme

« Nous avons choisi de ne rien changer à celles qui sont à moins de 17 ans de la retraite, celles nées en 1975. (…) Elles ne seront pas concernées par le système universel » , a expliqué le Premier ministre, ajoutant : « Quant aux personnes qui rejoignent le nouveau régime, je voudrais les rassurer. La première partie de carrière, jusqu’en 2025, sera calculée sur l’ancien système ». « La première génération concernée aura encore 70 % de sa retraite calculée sur l’ancien système », a poursuivi Edouard Philippe.

Les jeunes travailleurs nés en 2004, premiers à entrer dans le nouveau système

« Nous avons conçu ce système pour les jeunes générations, ceux qui vont être confrontés à ces mobilités professionnelles, géographiques et ces carrières heurtées. Elles doivent en bénéficier sans attendre. (…) Ceux qui entreront pour la première fois sur le marché du travail en 2022 entreront directement dans le nouveau système. Il s’agit de la génération 2004, qui a 15 ans aujourd’hui », a expliqué Edouard Philippe.

Un départ anticipé pour les métiers pénibles

« La responsabilité, c’est certes travailler un peu plus, mais c’est aussi entendre les organisations syndicales qui nous demandent de protéger ceux qui ne peuvent pas travailler plus », a déclaré Edouard Philippe. Les personnes qui exercent des « métiers usants », comme les infirmiers de nuit, pourront partir deux ans avant les autres. Ceux qui ont commencé à travailler à 20 ans pourront eux aussi partir « deux ans avant les autres ».

Les femmes, « grandes gagnantes » de la réforme

« Les femmes seront les grandes gagnantes » de la réforme, a assuré Edouard Philippe. Le nouveau système accordera notamment « des points supplémentaires pour chaque enfant, et ce dès le 1er enfant, et non à partir du 3e comme aujourd’hui », a-t-il expliqué, en précisant que « cette majoration de 5 % par enfant sera accordée à la mère, sauf choix contraire des parents ».

Les pensions des enseignants seront « sanctuarisées » dans la loi

Le niveau des pensions des enseignants sera « sanctuarisé », a souligné mercredi le Premier ministre. « Il serait inacceptable que les enseignants perdent le moindre euro de pension compte tenu de cette réforme et cela ne se produira pas. Nous écrirons dans la loi que le niveau des retraites des enseignants sera comparable aux métiers équivalents dans la fonction publique », a affirmé Edouard Philippe, qui annonce des revalorisations de salaire dans cette profession dès 2021.

Le projet de loi sera soumis au conseil des ministres le 22 janvier et discuté au Parlement fin février. « Le projet de loi de réforme des retraites sera prêt à la fin de l’année, nous le soumettrons au conseil des ministres le 22 janvier et il sera discuté au Parlement à la fin du mois de février », a souligné le chef du gouvernement en présentant le détail de cette réforme controversée. Les propositions du gouvernement sur les retraites « justifient » que la grève s’arrête, a enfin estimé le Premier ministre.

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