Vidéo. Ben voilà ; c’est fait. Depuis des années nous attendions que le Front national se vautre la tronche. Sauf que jamais nous n’aurions pensé que cela viendrait du FN lui même. Quoique, depuis le fameux débat des présidentielles nous nous doutions qu’il suffisait d’une simple chiquenaude  pour que le parti explose en vol.

Voilà qui est fait et c’est, en fait, que du bonheur. Dernière "guignolerie" ; le nouveau nom du Front national est déjà déposé à l’INPE par un ancien collaborateur de Charles Pasqua.

 

 

Cela devrait être Rassemblement national. Marine Le Pen a proposer aux adhérents de son parti le changement de nom du FN. Michaël Darmon, éditorialiste à Sud Radio explique ce changement de nom.

Un changement de nom dont ne voulait pas Marine Le Pen il y a quelques semaines encore "Je prends tout et croyez-moi très honnêtement, j’ai raison de tout prendre. Je suis assez attachée au nom Front national, je ne crois pas du tout que le changement de nom du Front national soit d’actualité. 

Il n’y a pas d’actualité pour le changement de nom. C’est quand même une marque le Front national. Maintenant, tout le monde finit par changer de nom, donc je ne voudrais pas qu’on prenne ça pour une mesure cosmétique. "

Elle peut tout simplement tomber et ne plus jamais se relever

Pour Michaël Darmon, un tel virage s’explique par le fait que pour Marine Le Pen, ce tournant est crucial. "Si elle ne fait pas un mouvement politique, si elle n’envoie pas un signal de déplacement par rapport à ce qu’il s’est passé à l’élection présidentielle, elle peut tout simplement tomber et ne plus jamais se relever. Elle a bien compris que de toute façon, comme on dit dans les coulisses du Front national depuis quelques semaines, puisqu’on ne peut pas changer de président, on va changer de nom. 

Ça a été fait dans un scepticisme assez partagé en coulisses, mais officiellement maintenant tout le monde dit que c’est ce qu’il fallait faire et elle la première, puisqu’on l’a bien entendu, elle a changé d’avis par rapport à ce qu’elle disait depuis déjà quelques mois."

Marine Le Pen a été la meilleure contribution pour faire reculer le Front national

Et pour Michaël Darmon, c’est bien l’échec à la présidentielle et cette caricature d’elle-même lors du débat présidentiel face à Emmanuel Macron qui ont provoqué son revirement. "Avec le recul, on peut considérer que Marine Le Pen a été la meilleure contribution pour faire reculer le Front national, puisque même ses propres militants ont été désarçonnés. 

Ses électeurs, même occasionnels, ont compris qu’on arrivait avec ce débat à un processus qui se révélait, c’est-à-dire l’incapacité, l’impréparation du parti Front national et de Marine Le Pen à pouvoir prétendre diriger le pays. C’est d’ailleurs ce qui a également provoqué la rupture la plus marquante au sein de ces partis après les présidentielles, c’est-à-dire le retrait de Marion Maréchal-Le Pen, qui part exactement pour ces raisons-là et pour aucune autre raison. Elle considère que l’incompétence de la campagne qui prend très en amont, parce qu’elle disait souvent en coulisses que personne ne travaille au FN, personne ne travaille à un corpus idéologique et que tout cela a abouti à ce débat. C’est la raison pour laquelle elle a voulu se retirer complètement du jeu politique et de sa famille politique. Pour l’instant en tout cas."

Un autre nom pour l’Union Européenne

Dimanche, Elle a proposé un nouveau projet pour remplacer l’Union européenne : l’Union des nations européennes. Elle veut surfer sur la montée des populismes en Europe. Sur le succès en Italie de la Ligue, de l’Autriche qui gouverne et de la montée du populisme en Allemagne. La question est de savoir comment, en France, le FN ne parvient pas à rompre la brèche comme c’est le cas dans d’autres les pays voisins.  Pour le journaliste français, C’est justement sur ces pays qui ont réussi le passage à la pratique du pouvoir qu’elle veut s’appuyer.

"Le Front national, pour des raisons historiques liées à son leadership, a du mal à faire ce lien. Ce parti véhicule comme charge puissante, émotionnelle, l’idée d’avoir accompagné les nostalgiques de l’occupation, de la Seconde Guerre mondiale. Et se séparer de cette image met énormément de temps. Marine Le Pen fait ce projet depuis des années. On a le sentiment qu’après avoir avancé sur le chemin de la dédiabolisation et depuis la campagne présidentielle, il y a une sorte de reflux. 

Elle  veut refaire levier avec ce qu’il se passe en Europe, en lançant d’ailleurs une démarche assez importante qu’elle a fait valider au congrès de Lille: passer maintenant à la culture des alliances. Ce avait été aussi un tabou et un dogme imposés par son père. Pas question de faire des alliances ! Là maintenant, on sent qu’il y a une volonté de mutation."

Le message contradictoire de Marine Le Pen

Les vieux démons reviennent. Comme l’illustre cette polémique ce week-end, avec un des membres du FNJ qui a insulté un videur. Des propos très désobligeants. Michaël Darmon remarque ’ils ont du mal à canaliser ce type de propos : "C’est le lot de tous ces partis qui partagent ces idées. 

Une forme d’internationale populiste  se met en place avec des piliers programmatiques sur l’identité, sur l’immigration, contre l’islam, contre l’Europe, et bien évidemment ça favorise des propos. Ceux de ce jeune responsable, qui a été manifestement suspendu pour l’instant, en sont la preuve. Mais plus emblématique: Steve Bannon, l’ancien conseiller de Trump, a participé et est intervenu au congrès du Front national. Il était également en Italie il y a quelques jours en train d’essayer de construire une internationale populiste. Là aussi c’est paradoxal. 

Au moment où Marine Le Pen tente de dire : 'Je reste encore crédible pour prendre le pouvoir', elle met à ses côtés à Lille un responsable politique ou un ancien responsable politique qui est à la droite de l’extrême droite. Donc, là encore le message est totalement contradictoire."

Rassemblement national : un nouveau «vieux» nom

Tout ça pour ça ? Marine Le Pen voulait frapper un grand coup, moderniser son parti et le faire entrer dans une autre époque : une ère dans laquelle sa formation politique pourrait se construire en s'affranchissant de son image et de son passé d'extrême droite. Mais patatras : le nom choisi n'a rien de neuf, bien au contraire. Marine Le Pen et les cadres du FN ne peuvent l'ignorer : le "Rassemblement national" a déjà une histoire : c'est d'abord le nom du parti politique de Jean-Louis Tixier-Vognancour, candidat d'extrême droite à l'élection présidentielle de 1965. Son directeur de campagne de l'époque n'était autre que... Jean-Marie Le Pen. Ce dernier, qui créera le Front national en 1972, baptisera son groupe parlementaire à l'Assemblée nationale, de 1986 à 1988, par ce même nom : "Rassemblement national". C'est d'ailleurs le nom qu'il choisira pour mener les élections législatives de 1986.

 

Pour ce grand féru d'histoire et cet homme de tradition qu'est Jean-Marie Le Pen, il est assez vraisemblable qu'il n'ignorait pas à l'époque le lien - même indirect - qui s'établissait entre sa formation et le "Rassemblement national populaire", le parti collaborationniste créé en 1941 par Marcel Déat. Fait historique, l'un des cofondateurs avec Jean-Marie Le Pen du Front national, Roland Gaucher, était l'un des responsables, durant la guerre, du mouvement des jeunes du Rassemblement national populaire...

Le KAC remercie Marine Le Pen d’avoir explosé le Front national
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