L’a t’on perdu dans d’un blues d’après présidentielle ? Se lamente t’elle, dans un recoin sombre de son bureau à l’Assemblée nationale des départs de Marion Maréchal-Le Pen et de Florian Philippot ? Bachote t’elle sur son récent nouveau positionnement sur l’Europe ? 

 

Bah... On n’en sait rien, d’autant que son emploi du temps n’est pas vampirisé par son job de députée ; elle a loupé plus de deux tiers des  réunions de commissions où elle siège. Sa «tournée des fédérations» alors ? Même pas ; avec onze réunions en six mois, donc à peine deux par mois, ça fait un peu léger.

 

Mais, peut être est-ce un tout... Un ensemble... 

Un chantier «Front National» est ouvert.

Les 55.000 adhérents du parti de Marine Le Pen doivent renvoyer d’ici à vendredi le questionnaire "pour la refondation du parti". Acceptent-ils un changement de nom du FN ? Quelles personnalités aimeraient-ils voir émerger ? Autant de question qui doivent permettre au parti qui, le soir du second tour, se revendiquait comme la principale formation d'opposition de se repositionner. Mais ce travail s'annonce d'autant plus difficile qu'en coulisses Marine Le Pen est toujours aussi affaiblie, ce qui interroge les cadres du parti.

Une députée absente. 

"Peut-elle rebondir ? Mais, au fond, surtout, en a-t-elle envie ?" s’interroge auprès d'Europe 1 un membre du bureau politique. "Marine en a marre de monter au filet sur tous les sujets", constate encore un collaborateur parlementaire. Et en effet, à l'Assemblée nationale, dans la salle des Quatre colonnes où les journalistes sont traditionnellement à l’affût des parlementaires et des bruits de couloir, sa présence est rarissime. En commission, elle a raté deux-tiers des réunions. "C’est simple, Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard faisaient à eux deux plus de bruit que nos huit députés aujourd’hui", assène un élu du Sud-Est.

Pas de stratégie. 

"Elle se recroqueville dans son bureau de l’Assemblée avec ceux qui la rassurent ou la font rire", ajoute un de ses fidèles. "C’est faux, elle est en pleine tournée des fédérations", assure pourtant Philippe Olivier, son beau-frère et conseiller. "Une tournée ? Quelle tournée ? Onze dates en six mois, pendant que Wauquiez, lui, enchaîne 60 départements. C’est révélateur ", s'agace un cadre. Marine Le Pen sent bien qu’une grande partie des militants ne voit plus en elle une future présidente, et cela affecte sa stratégie.

"À quoi bon scénariser autant le retrait des banques ? Jouer la victime comme au bon vieux temps, ça fait spirale de la loose", déplore encore une élue. Mais heureusement pour elle, la patronne du FN ne devrait avoir aucun adversaire lors du Congrès, cet hiver.

Un retournement de veste sur l’Europe.

Cela fait un petit moment, déjà, que Marine Le Pen a changé son discours sur l'Europe. C'en est terminé des grandes sorties anti-Union et des engagements à quitter l'UE. L'heure est désormais à la critique bienveillante. Mieux : alors que la présidente du FN est en pleine consultation en vue de la refonte de son parti, la voici qui explique s'être mal exprimée au sujet de l'Europe.

Citée par L'Opinion ce lundi 27 novembre, Marine Le Pen l'assure :

«Nous sommes européens, pas antieuropéens, même si nous avons entretenu cette idée par maladresse sémantique».

Si pendant des années, et notamment à l'occasion de la dernière campagne présidentielle, le FN est apparu comme anti-européen, c'est donc à cause d'une "maladresse sémantique". Et la dernière course à l'Élysée en fut remplie.

Un exemple de "maladresse sémantique" ? Cette déclaration de février 2017 lors d'une conférence à Paris. "En Europe aussi, il est temps d'en finir avec une UE dans une tentation de fusion qui détruit l'Europe des nations, disait-elle. […] L'Union diminue la France, elle la sépare du monde. Je ne me résous pas à voir la France diminuée, dépendante, séparée."

Son voyage à Moscou chez Vladimir Poutine, en mars dernier, fut également marqué par une séquence "maladresse sémantique". "Le problème auquel nous sommes confrontés peut se résumer de la manière suivante : la France a cessé d’être pleinement un pays souverain", lançait-elle, ajoutant :

J’essaie de lutter pour que la France retrouve sa souveraineté, sa liberté et sa politique étrangère harmonieuse et stratégiquement défendue par Charles de Gaulle. […] C’est ma bataille, c’est ma stratégie, et j’ose espérer que la victoire de Donald Trump accélérera ce processus et le simplifiera.

Ajoutons également que la sortie de la France de l'Union européenne figurait en bonne place dans la liste des 144 engagements de Marine Le Pen pour la présidentielle. C'était même son engagement n°1. C'est dire s'il était important. "Une négociation sera engagée avec nos partenaires européens suivie d’un référendum sur notre appartenance à l’Union européenne. L’objectif est de parvenir à un projet européen respectueux de l’indépendance de la France, des souverainetés nationales et qui serve les intérêts des peuples", écrivait-elle. Satanées "maladresses sémantiques".

Mais on avait donc mal compris.

"Nous avons pensé que seule l’élection présidentielle pouvait réorienter l’Europe, et laissé penser qu’on voulait en sortir seuls, avec une vision trop franco centrée", admet aujourd'hui la cheffe frontiste, résolue à ne plus quitter l'Europe de manière brutale. Voire d'y rester mais en la faisant évoluer.

Décidément, quand ça veut pas, ben ça veut pas.

Mais où est donc passée Marine Le Pen ?
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