Nous vous racontions déjà les quelques «soucis» de la déclaration de Sandra Bertin, la fliquette municipale d’Estrosi dans notre dernier billet

Le rapport de l’IGPN vient d’être publié et c’est encore pire que nous l’imaginions.

Extraits du rapport de l’IGPN

« La multiplicité des grands rassemblements populaires, si elle a permis aux autorités de ce département d’acquérir un véritable professionnalisme en matière de gestion de l’ordre public, constitue cependant une charge extrêmement lourde, rendue plus sensible encore par les contraintes en effectifs.

Aussi, une communauté de travail s’est-elle naturellement établie entre la préfecture, la police nationale et la police municipale de Nice, partenaire aussi incontournable qu’apprécié et avec lequel des relations de confiance ont été tissées de longue date (…)

Traditionnellement, la journée de la fête nationale est marquée à Nice par quatre événements organisés par la mairie: le défilé, la garden party, la Prom party constituée d’animations musicales et au cours de laquelle se déroule le feu d’artifice proprement dit. Les deux derniers sont appelés à se répéter durant l’été, quatre fois pour les animations et deux fois pour le feu d’artifice. Les effectifs policiers sont donc particulièrement rompus à la sécurisation de ces festivités.

Chaque année, le défilé est l’occasion pour la municipalité de mettre à l’honneur sa police municipale, conduisant, par là-même, la police nationale à prendre exceptionnellement en compte la mission de circulation pendant son déroulé. C’est après avoir quitté la garden party offerte par le maire que les agents municipaux relèvent les policiers nationaux sur les points de circulation.

Il faut par ailleurs noter la concomitance d’un feu d’artifice à Cannes, à la charge de la DDSP des Alpes-Maritimes (…).

En ce mois de juillet 2016, aucune cible n’a été signalée par le service du renseignement territorial, ni lors des réunions préparatoires au défilé, ni lors des réunions quotidiennes tenues par le DDSP. Dès lors, le dispositif a été bâti sur la base d’une appréciation globale de la menace terroriste privilégiant l’hypothèse d’agresseurs piétons et armés s’en prenant à la foule.

Les quatre réunions préparatoires ont permis aux différents acteurs d’acquérir une connaissance partagée et complète des dispositifs projetés. La mairie y était associée et représentée.

Au cours de ces réunions ont été validées, tant l’économie générale du dispositif que ses modalités d’application :

• économie générale du dispositif : sur la proposition du DDSP, les autorités ont retenu la reprise, pour ce 14 juillet, du schéma validé2 après les attentats des 7 et 9 janvier 2015 et appliqué pour les éditions 2015 et 2016 du carnaval de Nice. Ce schéma vise objectivement le risque terroriste et propose un reclassement des priorités (mission anti-délinquance, tranquillité publique, etc.).

• modalités d’application : les concepteurs du service d’ordre ont été confrontés à la grande difficulté de sanctuariser, pour un évènement au cœur de Nice, une large zone à contrôle d’accès systématique. Ils se sont adaptés à la configuration particulière de la promenade des Anglais en privilégiant la tenue de points de sécurité périmétriques et le contrôle aléatoire des personnes.

Quant à un possible forcement du dispositif par un véhicule bélier, ni la nature de l’événement ni la configuration des lieux, ni alertes d’aucune sorte, n’ont conduit la préfecture, la DDSP et la mairie à travailler sur cette hypothèse.

Sur-employées depuis plusieurs mois, entre manifs et Euro de football, les forces mobiles (CRS et gendarmes mobiles) n’étaient pas en capacité, ce soir-là, d’assurer une présence sur le terrain, mais la police nationale était bien présente autour de la Promenade des Anglais, avec 64 fonctionnaires.

Conclusion du rapport :

« La police municipale a géré sans incident notable la dérivation de la circulation des véhicules à la périphérie du dispositif qui lui était notamment confiée. De la même façon, la police nationale a rempli ses missions de surveillance et de détection d’individus à risque sans signaler de difficultés à l’intérieur du périmètre particulièrement protégé.

Les premiers départs de spectateurs sont observés dès la fin du spectacle pyrotechnique ; un quart d’heure après, intervient l’attaque du camion.

La mission n’a pu établir à partir de quel moment le poids lourd utilisé pour l’attaque a commencé à circuler. De fait, seule l’enquête judiciaire permettra d’établir s’il y a eu anomalie dans le repérage et l’interception d’un véhicule qui ne devait pas circuler dans Nice ce jour-là (…).

Le camion accède à la promenade par un spot gardé par la police... Municipale

Le premier point de circulation tenu à l’ouest du dispositif (point Gambetta) par la police municipale, qui a relevé la police nationale comme prévu, devient donc de fait le premier point d’alerte et de signalement de l’attaque. Pourtant, il est avéré qu’un autre véhicule de la police municipale en intervention plus en amont sur la baie et hors du dispositif a été le premier à constater le parcours mortel du camion et à le signaler par radio à son PC. Le deuxième signalement est opéré logiquement par l’équipage de police municipale placé au point de circulation Gambetta.

Les policiers nationaux, situés quant à eux en deçà du périmètre de circulation sur le point Meyerbeer, à l’entrée de la zone de contrôle renforcée, premier capteur de l’attaque, n’en prennent connaissance qu’au moment où le camion surgit devant eux provoquant des mouvements de panique dans la foule.

La fulgurance de l’action terroriste a empêché la transmission et la réception de l’information par radio dans des conditions de nature à leur permettre la compréhension immédiate de l’intensité de l’agression (…).

Malgré cette confrontation sans préavis au danger, les fonctionnaires de police ont pu dans l’instant comprendre l’intention criminelle du chauffeur du camion et ouvrir le feu de neutralisation, pour certains de face, pour d’autres latéralement après s’être lancés à sa poursuite (…)

Il faut être conscient du fait qu’il n’existe aucune solution technique de nature à assurer totalement la sécurité d’un tel rassemblement populaire, confronté à un tel mode opératoire et compte tenu de la topographie des lieux ».

Nice : le rapport de l’IGPN enfonce Estrosi et sa fliquette
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