Le contexte est simple ; Luc Ferry, philosophe, ancien ministre et chroniqueur du Figaro - a réagit aux prises de positions des candidats UMPistes sur le Mariage pour Tous.

Ludivine de la Rochère, présidente de La Manif pour Tous, s’est empressée de réagir. Sauf que comme d’habitude, madame de la Rochère se prend les pieds dans son argumentaire.

 

Un argumentaire pointu

 

Luc Ferry attaque sa chronique sur une idée simple, mais forte : “Que cela vous afflige ou vous réjouisse, il vaut mieux le savoir et le dire avec honnêteté: la loi sur le mariage pour tous ne sera pas abrogée. Pourquoi? Parce que, malgré le fameux principe selon lequel la volonté générale peut toujours défaire ce qu'elle a fait, ce serait juridiquement intenable, politiquement calamiteux”

 

Et de développer : “il n'y a aucun doute chez les juristes, on ne peut en France ni démarier ni désadopter. Or, d'ici à 2017, des milliers de mariages gays auront été contractés et des milliers d'enfants auront été adoptés. Devrons-nous alors leur donner un statut juridique d'exception? Absurde!”

 

“Une rupture d’égalité”

 

“Supposons qu'on propose deux mariages distincts ou même une union civile pour les homosexuels. On aurait alors trois statuts différents et, du coup, une rupture d'égalité que le Conseil constitutionnel et la Cour européenne se feraient évidemment un devoir de condamner. Imaginez alors la situation politique d'un président qui arrive aux affaires en 2017 avec cette promesse accrochée à lui telle une casserole.”

 

Ludovine de la Rochère répond à côté...

 

Déjà ; ça commence mal : sa réponse commence par ce qu’elle doit sans doute penser comme un argument marquant “Le 20 novembre, Monsieur Luc Ferry, d'ordinaire mieux inspiré, avertit les lecteurs du Figaro, d'un ton à la fois allègre et péremptoire: l'abrogation de la loi Taubira, n'y pensez plus!” ; sauf que, pour pouvoir se targuer d’un “d’ordinaire mieux inspiré”, il vaut mieux être, au minimum, au même niveau intellectuel que la personne que l’on espère tacler ainsi et, Ludovine de la Rochère en est bien loin.

 

Un “fondement juridique pluri millénaire”... Ah ouais ?

 

Ça continue bien mal aussi, puisque l’égérie des réactionnaires de tous poils se prend allègrement les pieds dans son argumentaire. D’une part, parce qu’elle prend bien soin d'omettre les quelques lignes que nous citons plus hait de la chronique de Luc Ferry - tu m’étonnes... - pour se noyer dans un gloubiboulga qui n’a ni queue ni tête : “la loi Taubira a elle-même abrogé un fondement juridique pluri millénaire dont elle dit elle-même dans son exposé des motifs qu'il était si évident qu'il n'était pas écrit: le mariage est l'union devant la société d'un homme et d'une femme dans le but de mettre au monde et d'élever des enfants issus de leur union ou, à défaut, adoptés par eux. Une loi qui n'a pas trois ans, qui abroge un principe aussi ancien, aussi naturel et aussi fécond, ne pourrait pas, à son tour, être abrogée? Mais au nom de quoi?”

 

Et oui ; un “ fondement juridique pluri millénaire”... Du grand n’importe quoi puisque le mariage, tel qu’il est défini par l’État ne date que de deux ans avant la révolution française... Le mariage religieux, lui, n’est en aucun cas lié à un quelconque “fondement juridique”...

 

La mémère tente de philosopher

 

Et là : c’est le drame... Notre Ludovine si mal illuminée - ou, plutôt, remarquablement illuminée... - se prend à tenter de philosopher : “De ce que, d'après le philosophe, «il n'y a aucun doute chez les juristes, on ne peut en France démarier ni désadopter». Mais qui sont ces juristes qui n'ont jamais vu, en marge des états civils, la mention «mariage dissous par jugement en date du….» ou, plus récemment, mais avec un fondement légal certain, «mariage annulé par jugement du…». Certes, ces démariages ne sont pas le fruit de la volonté d'un juge, mais ils ont été rendus possibles par la loi qui prévoit et organise le divorce”

 

On va tenter de faire clair : selon elle ; le mariage pour tous peut être abrogé puisque le divorce existe... Elle oublie simplement un “léger” détail ; ce n’est pas la loi qui décide qui doit divorcer ; par contre, c’est bien elle qui décide qui peut se marier...

 

Et de conclure par une nouvelle argutie

 

“Si les personnes mariées selon cette loi avaient consulté, avant de se marier, des juristes prudents, ceux-ci leur auraient dit ce que dit la sagesse: «cette loi ne tient pas compte de la réalité humaine, elle ne durera pas. Si vous voulez passer entre vous des conventions stables, concluez-les vous-même devant notaire, mais ne vous embarquez pas dans cette aventure!»”

 

Marrant ; on pourrait remplacer “les personnes mariées” par “les personnes croyant en un ami imaginaire” et ça donnerait la même chose... Comme quoi, moins on a de neurones, plus on les étale...

 

La tentative de réponse de Ludovine de la Rochère à Luc Ferry
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