Rumeurs dans les écoles : la honte des anti mariage pour tous
28 janv. 2014Ils ont perdu la bataille de la loi, ils ont perdu la guerre de la rue, ils ont perdu, tout simplement leur intelligence ; les anti mariage pour tous ont de nouveau fait parler d’eux, mais, à présent, par des rumeurs immondes, par de fausses affirmations, suivies malheureusement par les beaufs incultes, comme toujours.
Des questions abracadabrantesques
«Est-ce que des associations gay et lesbiennes vont venir à l'école parler de sexualité? Allez-vous montrer des films porno? Est-il vrai que des juifs vont venir à l'école pour savoir si nos enfants sont des garçons ou des filles? C'est quoi la théorie de genre?»
Le 23 janvier, un raz-de-marée de questions émanant de mamans de la communauté turque ont déferlé sur le directeur d'une école de Strasbourg située en zone prioritaire. «Elles sont venues me montrer les SMS les alertant à la fois sur la théorie du genre et l'éducation à la sexualité, et les appelant à boycotter l'école.
C'est l'aspect sexuel, très tabou dans cette communauté, qui les a le plus touché», explique le directeur. La rumeur se répand comme une traînée de poudre dans le quartier. Le lendemain, l'école élémentaire où sont inscrits 240 élèves dénombre 86 absents, turcs, gitans et maghrébins. «Nous nous sommes employés, via les mamans présentes au conseil d'école et issues de ces communautés à désamorcer cette situation explosive, en expliquant qu'il s'agissait de désinformation et de manipulation. Elles ont fait du porte-à-porte. Mais une fois que la rumeur est partie…», lâche le directeur qui, en 12 ans à la tête de l'école, n'a jamais été confronté à une telle fronde, y compris sur les questions de port du voile. «Cette suspicion des parents n'est pas dirigée contre nous, les personnels de l'école, mais contre l'institution scolaire».
Entre Soral et Dieudonné; Farida Belghoul
C'est précisément l'objectif du mouvement «Journée de retrait de l'école», lancé par une certaine Farida Belghoul, 55 ans, militante passée en 30 ans de l'extrême gauche à l'extrême droite. Initiatrice en 1984 de la seconde marche des beurs, aujourd'hui proche de l'essayiste Alain Soral (lui-même lié à Dieudonné) et de son association «Égalité et Réconciliation», Farida Belghoul est partie en croisade contre l'avènement d'une théorie du genre à l'école depuis la rentrée 2013-2014.
Elle est passée à l'action le 24 janvier en appelant à un boycott de l'école une fois par mois, via les réseaux sociaux et des sms diffusés en chaîne. «Vous justifierez l'absence de votre enfant le lendemain par le motif: «journée de retrait de l'école pour l'interdiction de la théorie du genre dans tous les établissements scolaires», est-il expliqué sur le site internet du mouvement baptisé «JRE2014» pour «Journée de retrait de l'école».
Il s'agit d'«une action nationale inédite pour sauver nos enfants», explique le tract diffusé que l'on retrouve sur ce site internet sous le titre «Protégeons la pudeur et l'intégrité de nos enfants». «Le ministre de l'Éducation nationale, Vincent Peillon, sur les traces de son prédécesseur Luc Chatel veut généraliser et officialiser l'enseignement de la théorie du genre (…) à la rentrée 2014 (…)
Sauf que, comme toujours, il s’agit d’une rumeur orchestré par des débiles
Étonnante force de frappe. Au quatre coins de France, de l'Oise à l'académie de Lyon en passant par Paris, de nombreux enseignants et directeurs d'école ont alerté leur hiérarchie. Laquelle a adressé un message à ses inspecteurs. «Ce mouvement d'inquiétude (JRE, NDLR) n'est pas fondé ; il s'appuie sur une rumeur», écrit ainsi un recteur. Aussi, en réponse à celle-ci, je vous recommande d'agir avec bon sens et réactivité et de communiquer clairement un message rassurant à destination des familles, coupant court aux tentatives de manipulation et de désinformation. «Les programmes en vigueur ne font aucune référence aux théories évoquées».
«De gentils courriers qui ne mangent pas de pain et ne répondent en rien à l'état d'émoi,» selon Anne-Marie Haller, secrétaire départementale de l'Unsa dans le Bas-Rhin. «Comment éteindre l'incendie? Cette campagne a touché un public crédule et peu éduqué. Les dégâts sont déjà faits», poursuit-elle, avant d'ajouter: «Difficile de prouver les choses: les programmes scolaires sont opaques et l'enseignant jouit d'une liberté pédagogique».
Le ministre obligé de remettre les pendules à l’heure...
Il n'y a pas d'enseignement de la théorie du genre à l'école mais une «éducation à l'égalité fille-garçon», a déclaré mardi Vincent Peillon pour rassurer les parents, après un appel à boycotter l'école un jour par mois.
Une campagne relayée par SMS et les réseaux sociaux à appelé à ne pas mettre les enfants à l'école un jour par mois, pour protester contre un supposé enseignement de la théorie du genre avec des slogans comme «Demain, tu seras une femme mon fils». A l'origine de cet appel, Mme Farida Belghoul, contactée par l'AFP, n'a pas souhaité répondre.
«Il y a un certain nombre de parents qui, m'a-t-on dit, ont été inquiets, se sont laissés prendre à cette rumeur totalement mensongère selon laquelle (...) à l'école, on apprendrait aux petits garçons à devenir des petite filles», a déclaré le ministre de l’Éducation nationale en marge de l'installation du Conseil national d'évaluation du système scolaire (CNESCO) à la Sorbonne.
«Tout ça est absolument faux, il faut cesser», a-t-il ajouté.
Est visée une expérimentation baptisée «ABCD de l'égalité» lancée à la rentrée par le ministère dans 10 académies, visant à lutter contre les stéréotypes filles-garçons à l'école pour corriger les inégalités entre les sexes dès le plus jeune âge.
«Il y a aujourd'hui un certains nombre de personnes, qui diffusent des théories qui sont celles du mensonge et donc je veux rassurer les parents. Ne vous inquiétez pas, c'est une éducation à l'égalité fille-garçon, au respect fille-garçon et rien de plus», a déclaré Vincent Peillon.