Né au début de cet été le mouvement des Tondus qui se veut apolitique est une réminiscence du poujadisme pur des années 50.

Il a été créé par un chef d'entreprise, gérant d'une enseigne de saunas en France, Guillaume de Thomas, qui souhaite entraîner dans son sillage tous ces petits patrons excédés comme lui par les taxes et les impôts.

Guillaume de Thomas ; un positionnement complexe

Son comportement est volontairement agressif, voulant rompre avec toute forme de lutte syndicale qu'il trouve trop modérée. C'est ainsi qu'il s'attaque à la CGPME, n'hésitant pas à insulter certains de ses membres sur Twitter, ou au MEDEF dont il pense que le mouvement est corrompu.

La sauce prend modérément. Avec à peine plus de 20 000 fans sur Facebook et 4 000 followers sur Twitter, les Tondus sont loin d'atteindre l'engouement espéré.

La manifestation nationale du 1er décembre dernier n'a réuni qu'une poignée de contestataires à Paris, se confondant avec tout un tas d'autres organisations s'opposant aux taxes et au régime en place.

Les idées simplistes des Tondus

Et pourtant l'idée est simple, simplissime même. Comme l'explique lui-même le chef le raisonnement tient de la logique de niveau CM2. L'idée n'ayant pas encore été brevetée je vous la livre gratuitement :

Suppression des charges salariales patronales

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plus de sous pour les entreprises

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création d'emploi

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augmentation des achats

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plus de recettes fiscales (avec un impôt de 15% prélevé à la source) et moins de dépenses (diminution du nombre de chômeurs)

Voila ! C'est pas beau ? Comment se fait-il qu'on ne confie pas Bercy à un élève de CM2 ?

La réponse est simple, et je vais l'écrire en gros pour que les élèves de CM1 comprennent bien : PARCE QUE ÇA NE MARCHE PAS !

Tout du moins, ça n'est pas si simple

Ce principe ne permet au mieux que de sponsoriser les entreprises par le contribuable, de sauvegarder l'emploi, mais se révèle peu efficace sur le long terme. Il suffit pour s'en convaincre de regarder ce qui s'est passé dans la restauration entre 2009 et 2012, avec la baisse de TVA de 19,6 à 5,5%. Coût pour la collectivité: 2,6 Milliards d'€. Emplois créés grâce à la mesure: 30 000.

Cette année et l'année prochaine l'État espère obtenir un meilleur résultat en injectant 20 Milliards d'Euros sous forme de crédit d'impôt aux entreprises. On souhaite que cela marche, et cela permettra sans doute de sauver plus d'une entreprise, mais pour créer durablement des emplois ces efforts devront être accompagnés d'une croissance économique mondiale soutenue.

On tire un trait sur 120 milliards de recettes

Avec la proposition des Tondus il ne s'agirait pas d'insuffler un peu d'argent frais dans l'économie mais de tirer un trait sur 120 Milliards de recettes d'un coup, et ceci chaque année. 120 Milliards dans le budget annuel de la sécurité sociale, pour que chacun se rende bien compte c'est, entre autres : un quart des retraites qu'on ne pourrait pas payer, 1 million d'opérations chirurgicales en moins, une maternité sur quatre qui n'aurait pas de budget, 150 000 infirmières qu'on ne pourrait plus payer.

Un budget colossal envolé en fumée dont on ferait cadeau aux entreprises dans l'espoir qu'elles créent 700 000 emplois ! Non seulement l'effort est totalement disproportionné (170 000 € par emploi créé) mais l'impôt de 15% prélevé « à la source » ne suffirait même pas pour équilibrer les comptes de la sécurité sociale.

Bref. Entre gloubiboulga économique de niveau CM2 et recette à la Yaka-Faukon, les Tondus ne se distinguent pas beaucoup des autres mouvements populistes actuellement à la mode.

Vous n'en avez pas ras-le-bol de tous ces gens qui veulent appliquer des recettes simplissimes pour régler tous vos problèmes ? Moi si !

Les Tondus : le mouvement qui me fait hérisser le poil
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