Manou Bouzid, correspondante du Kiosque aux Canards en Tunisie, nous livre ses dernières pensées.

Le coup d’état on y est, mais pas avec ceux qui étaient pressentis pour le faire. En bref Enahda vient de faire un coup d’état en bon et due forme au vu et aux yeux de tous.

La peur du scénario égyptien

Depuis que les frères musulmans ont été écarté du pouvoir en Egypte, chez nous les dirigeants de cette secte ont pris des mesures afin de ne pas subir le même sort.

La première mesure fut prise par Tartour, le "non" défenseur des droits de l’homme qui au lendemain de l’arrestation de Morsi l’égyptien, décapita l’armée en changeant les chefs d’état major des 3 armées, juste au cas ou ils leur viendraient l’envie de faire pareil que leur confrères du pays des pharaons.

On pédale dans le vide

Ainsi, entamant des négociations qui ressemblent plus à un manège infernal qui tournent en rond sans s’arrêter, qu’à un véritable dialogue, Nahda en bonne fouine sournoise qu’elle est, use de tous les stratagèmes pour gagner du temps, afin de parfaire son plan pour s’emparer définitivement et irréversiblement du pouvoir.

Le jeu bien huilé de leur manège n’a leurré que les pontes de l’opposition qui croient encore qu’en faisant appel à la fibre patriotique des islamistes, ils peuvent arriver à une négociation concrète capable de changer les choses.

Mais le bon peuple moins dupe que les politiques sait très bien que les islamistes n’ont pas de fibres patriotiques. Ils n’ont pas de fibres du tout ou plutôt ils n’en ont que deux : le pouvoir pour l’argent et l’argent pour le pouvoir. Tout le reste n’est que le folklore pour cacher leurs véritables ambitions. Pour simple exemple, la déclaration d’une députée nahdaouite qui, en pleine crise économique, a le culot, mais ça les nahdaouis n’en manque pas, d’affirmer haut et fort : "On n'a pas renoncé à l'effet rétroactif des primes des députés". Cette augmentation avait été rejeté par le tribunal administratif après la plainte de plusieurs groupements, notamment un groupe représentant la société civile. On voit à ce genre de déclaration combien la fibre patriotique fait vibrer le cœur de ces grands "croyants".

L’ultra libéralisme en guise de social

Le soutien des USA à ces sectes n’est pas pour faire chier les peuples qui aspirent à la démocratie. Mais c’est parce que ces fous de dieu comme on les appelle, alors qu’ils vénèrent plutôt le diable, sont des ultra libéraux, ce régime si cher à l’Oncle Sam.

Pour eux l’état ne doit subvenir à rien ni à personne. Il n’y a qu’à voir l’état de décrépitude de notre pays depuis deux ans pour le comprendre.

Ainsi ils viennent de faire passer à l’étude, si étude il y a, la loi des finances pour 2014.

Main mise sur les finances des ménages moyens

Cette loi, si elle est votée, n’aura pour conséquence que de remplir les caisses de l’état, donc leurs poches vu que l’état c’est eux, en endettant la classe moyenne qui se réduit comme peau de chagrin depuis l’arrivée de Nahda au pouvoir.

A titre d’exemple, un tunisien possédant une voiture de 5 à 7 chevaux fiscaux (véhicule du tunisien moyen), se verra débourser deux à trois fois le prix de sa vignette chaque année.

Inutile de s’étendre sur les nombreuses réformes fiscales qui même si elles ne visent pas directement le smicard, auront malgré tout des répercutions sur son pouvoir d’achat. La catégorie au dessus du smic se trouve quand à elle directement surimposée par cette loi, donc elle sera deux fois plus lésée.

Après le marasme du secteur touristique, Nahda n’ayant pas atteint le quota escompté pour le chômage, elle en rajoute une couche en imposant les sociétés exportatrices. Elles sont appelées communément loi 72 et exonérées d’impôts jusqu’à maintenant. Cela pousse ainsi ces sociétés ou ce qu’il en reste, à délocaliser au Maroc. La boucle sera bouclée, le chômage atteindra le summum que Nahda s’est fixé afin de battre le record du plus mauvais gouvernement de l’histoire de la Tunisie.

Ce projet de loi de finances n’a pour but que d'optimiser les ressources fiscales, non pas en améliorant le rendement fiscal ou la politique de recouvrement, choses qu’ils sont incapables de faire au vu de leur incompétence, mais plutôt par l'institution d'une multitude de nouvelles taxes et par l’augmentation des anciennes, et ceci au détriment du peuple. En lésant ainsi toute la classe moyenne, elle sera bientôt la nouvelle classe pauvre.

Le coup d’État de Nahda

Mais tout ceci n’est pas suffisant, car les députés de Nahda sont gênés par les députés de l’opposition qui même si ils n’ont pas la majorité, peuvent malgré tout bloquer leurs projets.

Mais ce n’est finalement pas un vrai problème, rien de plus facile pour eux. Pendant que les faucons de Nahda occupent l’opposition qui négocie les pourparlers, en traître qu’ils sont, ils attendent patiemment le jour férié du nouvel an musulman. Ils se rassemblent en l’absence de l’opposition et du président de l’assemblée, ceux-ci ignorant la tenue de cette séance plénière vu qu’elle n’avait pas été annoncé, pour faire passer entre eux une réforme sur la constituante qui n’est ni plus ni moins qu’un coup d’état constitutionnel.

Ainsi les mesures prises ce jour là sont faites sur mesure pour les députés de Nahda et leurs associés qui comme les poissons pilotes suivent le requin pour manger ses restes. Ils décident de réduire le quorum pour la tenue des réunions du bureau de l’ANC des 2/3 des membres à seulement la moitié, c'est-à-dire juste le nombre de leurs députés.

Comme ce n’est pas suffisant pour avoir la main mise sur cette assemblée, les députés de Nahda ajoutent un article autorisant la moitié des membres de l’ANC, c'est-à-dire encore eux et leurs acolytes, de convoquer via une pétition, une plénière sans consulter ni le président de l’Assemblée, ni son bureau.

Toujours insuffisant pour contrôler totalement l’hémicycle et par voie de conséquence le pays, on y va avec un article de plus. En effet, pourquoi s’arrêter en si bon chemin, ce nouvel article prévoit d’augmenter de cinq à quinze, le nombre de député(e)s intervenant pour proposer des amendements. Par voie de conséquence, le nombre des constituants intervenants lors du débat sera de fait réduit, coupant ainsi la parole à l’opposition.

Alors elle n’est pas belle la démocratie made in Nahda ?

Fakhfakh au pays de Candy

Notre économie coule plus vite que le Titanic, mais notre exceptionnel sinistre des finances, Elyes Fakhfakh, en bon marin qu’il est, ne prévoit aucun gilet de sauvetage. Mieux, il est persuadé que le navire ne prend pas l’eau. Il attend que l’on touche le fond de l’océan pour lancer l’évacuation, celle de Nahda bien sûr, vu que comme pour le Titanic la troisième classe n’a pas droit aux secours.

Pour lui, le fait que les notes de la Tunisie dégringolent régulièrement dans les agences de notations, est le signe d’un bon essor économique. Le fait de devoir emprunter et d’endetter le pays sur plusieurs générations est le signe de la "réussite" de ce gouvernement. On attend incessamment sous peu qu’il nous annonce que le FMI nous félicite pour notre remarquable réussite et cherche coûte que coûte à nommer ce génie Elyes Fakhfakh, qu’on devrait appeler Elyes Fokfok ( signifiant « basta »), en remplacement de Christine Lagarde.

Ainsi, même si le dialogue national est en stand by, les nominations partisanes suivent leurs cours. Pas un poste si petit soit-il n’y échappe, les grands ayant subit le nettoyage de printemps depuis le 23 octobre 2011.

Pour conclure

Nahda gagne du temps en tissant sa toile, telle une araignée venimeuse, occupant le peuple par la peur du terrorisme qu’elle a elle même encouragé si ce n’est créé.

Dernière ligne droite pour sortir de ce marasme, une grève générale illimitée jusqu’à la démission de ce régime fasciste et intégriste qui pourri la vie des tunisiens. Mais les syndicats s’y opposent. Ils ne nous reste plus qu’à construire des radeaux pour y sauter quand sonnera la cloche annonçant le naufrage.

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