A la veille de toutes élections, les partis en place font généralement un bilan de leur mandat en vue de l’utiliser dans leur campagne de réélection. Manou Bouzid, la correspondante tunisienne du Kiosque aux Canards, développe le bilan du gouvernement tunisien.

En règle générale, même si les avis sont mitigés, il en ressort toujours au moins quelques points positifs, mais ça c’est en règle générale.

En Tunisie, nous aimons bien faire l’exception qui confirme la règle, c’est notre marque de fabrique.

Nous ne sommes pas encore à la veille d’élections, mais si l’on veut être optimiste nous pouvons penser que nous sommes à la veille d’un changement de gouvernement.

Enahda au pays des merveilles

Nahda n’ayant rien de positif à annoncer sur son bilan, va se perdre dans des élucubrations et continuer à affirmer que ce gouvernement est le meilleur que la Tunisie ai eu, le fait d’être incompétent n’empêche pas d’être de mauvaise foi et surtout pas d’être prétentieux.

Bien évidemment même en fouillant et ne faisant pas la fine bouche, nous ne trouverons rien qui vaille la peine d’être annoncé comme positif.

Comme Enahda n’est pas magicienne et qu’elle ne pourra rien faire sortir de son chapeau, nous allons essayer en toute objectivité de faire ce bilan pour elle.

Les dauphins donnent le pouvoir aux islamistes

Le 23 octobre 2011, date des élections de l’ANC, nos chers frères islamistes obtiennent 89 sièges sur 217.

La première réaction des tunisiens sous le choc de ce résultat était de relativiser le malheureux événement, après tout le camp démocrate avait la majorité.

Oui « mais », il faut qu’il y ait un « mais » sinon l’histoire s’arrêterait là, mais c’était sans compter sur la trahison des deux leaders de deux partis démocrates qui s’étaient placés en 2nd et 3ème place du scrutin. Comme chez les Miss il y a la première et la seconde dauphine.

Ici « La » première dauphine c’était le CPR avec à leur tête le grand « non » défenseur des droits de l’homme Moncef Marzouki.

« La » seconde dauphine fut le parti Ettakatol dirigé par un ex homme de gauche, mais ça à ce moment là on ne le savait pas encore, Mustapha Ben Jaafar.

Comme tout le monde le sait, afin d’avoir la majorité Enahda parti religieux d’extrême droite propose un deal à ces deux leaders, l’un obtiendrai la Présidence de la République et l’autre la Présidence de l’ANC en échange de leur total soutien, en clair en échange de leur voix.

Résignés bon gré malgré, les tunisiens se dirent que de toutes façons ils n’étaient là que pour un an et n’étaient chargés que de rédiger une constitution conforme aux attentes du peuple.

L’ANC en villégiature

Mais dés le début cette troïka, qui n’était qu’un canard boiteux essayant de courir le 1000 mètres haies chose que tout le monde admettra comme hasardeuse lorsque l’on n’est valide que d’un pied, s’empressa de jouer la montre comme dans un match de foot ou le résultat est incertain.

Elle commença par s’occuper de tout et de rien écrivant la constitution à raison d’une phrase par mois et délibérant des jours entiers sur des sujets qui n’étaient pas de son ressort.

Ils font le ménage et réaménagent

Le gouvernement quand à lui, s’engagea dans le grand ménage de printemps à savoir nommer un des leurs à chaque poste clé de l’état et en premier lieu au Ministère de l’Intérieur fleuron du benalisme prétextant vouloir éradiquer les derniers soutiens au Président déchu.

Les forces de l’ordre ayant toujours eu un soutien inconditionnel au pouvoir en place, et afin de pouvoir continuer à bénéficier de cette manne, le MI fut le premier ministère à recevoir les honneurs des multiples nominations.

Les violences se succèdent

Le résultat ne se fit pas attendre, le 9 avril 2012 jours de la commémoration des martyrs, les manifestants se firent réprimer par une violence qui aurait fait pâlir de jalousie celle du 14 janvier 2011.

Puis se sont les expositions artistiques qui devinrent une cible privilégiée des attaques salafistes. Le Palais Abdellia est attaqué par des salafistes jugeant les œuvres exposées comme blasphématoires. Les accusés ont dû répondre devant le tribunal de Tunis de violation de l'état d'urgence, mais ont été acquittés des charges plus sérieuses, notamment rébellion, attaque contre des responsables publics et atteinte à l'ordre public en bande organisée. Normal Rached Ghanouchi leader du parti avait annoncé que les salafistes étaient ces enfants et personne n’aurait jamais osé s’opposer au grand numéro 2 de la confrérie des frères musulmans.

Ce fut au cours de l’année 2012 une succession d’attaque visant à changer le profil laïque et ancestrale de la société tunisienne.

Bien entendue quand dans les rares fois ou des personnes étaient arrêtées elles étaient soit relâchées dans les 24 heures soit écopées d’un sursit ridicule en proportion de leurs méfaits.

Les tunisiens se retrouvèrent peu à peu face à une justice à deux vitesses, une pour les islamistes quelle que soit leur mouvance et une pour les autres, les autres étant ceux qui étaient considérer comme hérétiques puisque ne faisant pas partis de leur bord.

Et ce genre d’attaques continua toute l’année 2012 jusqu’à ce fameux 14 septembre ou des groupes salafistes s’attaquèrent aux locaux de l’Ambassade américaine sous le regard bienveillant de Nahda. Là encore les salafistes arrêtés ne reçurent qu’un sursit comme un enfant reçoit une petite tape sur la main pour avoir commis une petite bêtise.

Mieux ou pire selon ou l’on se situe, Abou Iyadh, l'ennemi public numéro un qui est l’instigateur de cette attaque s’enfuit de la mosquée cernée par les forces de l’ordre ou il s’était réfugié, avec l’aide l’approbation et la bénédiction du sinistre de l’intérieur de l’époque, notre actuel premier sinistre Ali le large.

Les violences se faisant de plus en plus régulières et de plus en plus violentes face à un laxisme de la justice qui en disait long sur son impartialité, les investisseurs étrangers plièrent bagages et les touristes changèrent de destination.

L’ANC toujours en villégiature

Pendant ce temps là, l’ANC continuait tranquillement son bonhomme de chemin, ne se souciant que des primes qui devraient ou pas être versées à ces députés qui ne s’attelaient toujours pas à la tache qui leur incombaient à savoir simplement écrire une constitution, pour laquelle ils avaient déjà une base qui ne nécessitait qu’une simple révision.

Du renfort pour les salafistes

En plus des salafistes, les fameuses LPR les soit disant ligues de protection de la révolution commençaient à créer un climat de terreur, ils menaçaient tout et tout le monde accusant les gêneurs d’être à la solde de Ben Ali alors que tout le monde avait commencé à l’oublier.

Le 18 octobre 2012 cette violence des LPR atteint son paroxysme avec le décès du coordinateur régional de Nidaa Tounes à Tataouine Lotfi Nagdh battu à mort lors de violents accrochages avec ces non fameuses LPR devant le siège de l’Union.

Pas de responsabilités pour ce décès, il est mort d’un arrêt cardiaque, parce c’est bien connut il y aurait des morts dont le cœur bat encore.

Les wahhabistes font de la formation continue

Parallèlement le gouvernement autorise la venue de plusieurs prêcheurs wahhabistes, jusqu’à là interdit en Tunisie, afin de parfaire notre éducation hérétique.

Et les prêches furent autorisées dans tous les espaces publics allant des écoles primaires aux lycées dans les universités ou encore directement dans les rues, les mosquées bien entendue n’échappant pas à ce raz de marrée.

La cerise sur le gâteau, si gâteau il y a, fut l’autorisation des prêches dans les prisons.

Ainsi les prisonniers bien obéissants et bons élèves, se retrouvaient sur la liste des chanceux qui reçurent une grâce présidentielle de la part d’un président pour qui c’est la seule prérogative que Nahda ai bien voulue lui accordée, permettant ainsi de grossir les rangs des fous de dieu, pardon du diable.

La wahabisation de la Tunisie était en route mais c’était sans compter sur une société civile à l’affût qui comptant une majorité de femmes, n’allait pas se laisser dessaisir de ses droits sans bouger.

Les primates s’imitant les uns les autres, les nôtres s’attelèrent à imiter ceux du Mali en incendiant des marabouts vieux de plusieurs siècles et faisant partie intégrante du patrimoine tunisien. Là aussi aucune arrestation.

Les violences impunies continuèrent sous le regard bienveillant du 1er sinistre, du sinistre de l’intérieur, de celui de l’ANC et surtout sous le regard de notre honte national, à savoir notre prétendu Président de la République. On passe sous silence l’avancée de la rédaction de la constitution qui a entamé sa deuxième année car elle n’a d’avancée que dans ses mois qui se succèdent.

Tournant décisif

Le 6 février Chokry Belaid leader de Front populaire se fait assassiner devant chez lui, une première en Tunisie.

Le pays est sous le choc et ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort.

Plus d’1 million et demi de personnes sont sortis pour assister aux funérailles.

2013 la liberté d’expressions réprimée

Cette année les gouvernants, je dis bien les gouvernants et non les salafistes ont mené une campagne contre la liberté d’expression, avec une pluie de plaintes, d’intimidations et même d’arrestations envers les journalistes ou même des civiles qui leur portaient ombrages. Nous avons même eu une condamnation d’un jeune blogueur qui avait avoué son athéisme sur son blog, le président refusant de le gracier pour sa sécurité, oui maintenant en Tunisie on est plus en sécurité à l’intérieur qu’à l’extérieur des prisons.

La rue gronde

2013 : Les partis d’oppositions s’unissent en un seul front et

rassemblent de plus en plus de personnes, ils ont compris le précepte « l’union fait la force ».

La grogne du peuple devient de plus en plus oppressante, l’ANC et son gouvernement ont atteint leur dead line. Les tunisiens demandent leurs départ.

Le 1er Ministre n’ayant pu composer un nouveau gouvernement apolitique démissionne et est remplacé par Ali le large et alors que tout le monde demandait son limogeage il reçu une promotion.

Nahda a du mal à comprendre les revendications et réponds toujours à côté.

Les terroristes montrent leur nez à Chaambi

Les premiers actes terroristes apparaissent dans la montagne de Chaambi et font les premiers blessés au sein de l’armée et de la garde nationale.

Les attaques et les blessés se succèdent et une opération de grande envergure est lancée pour déloger les terroristes qui d’après le gouvernement n’existait pas jusqu’à ce moment là. Ils ne reconnaissent la merde que lorsqu’ils l’a sentent.

Ansar el Charia « personæ non gratta »

Suite à plusieurs actions violentes et notamment les affrontements avec les forces de l’ordre en mai 2013, Nahda voulant se refaire une virginité et n’arrivant plus à contrôlé ceux que Rached Ghanoucchi appelait ses enfants, Ansar el Chaaria fut classée comme organisation terroristes provocant l’ire des partisans d’Abbou Yiad.

Nous passerons sous silence la villégiature de l’ANC.

Les actes terroristes à Chaambi continuent faisant encore de nouveaux blessés dans les rangs de la garde nationale.

L’ANC rend enfin sa copie

L’ANC fait un dépôt du projet de Constitution et de tous les documents y afférents au bureau d’ordre.

Mais surprise surprise, la rédaction de certains articles ne correspond pas à celle qui a été écrite dans l’hémicycle.

Quand un nadaouis vous serre la main, un bon conseil recomptez vos doigts.

Le point de non retour

Entre temps, le pays va mal, en plus de la saleté, du retour de certaine maladie éradiquée depuis des décennies, l’exode rurale massive qui ne fait qu’accentuer le chômage, la crise économique, la chute du dinars, l’insécurité, la saisi quasi quotidienne d’armes, en deux ans le pays à fait un bond cinquante ans dans le passé.

Le point de non retour pour ce gouvernement islamiste sera atteint au mois de juillet avec l’assassinat du député Mohamed Brahmi suivit deux jours après du massacre de huit militaires par des terroristes.

C’était la goutte de trop, les députés de l’opposition se retirent de l’ANC, le mouvement errahil (dégage) démarre avec les sit-in et les manifestations, et l’opposition appuyée par le peuple demande la dissolution de l’ANC et la démission du gouvernement. Les forces de sécurités tous corps confondus sont les cibles privilégiées de ces terroristes, la question sécuritaire devient alors le plus grand sujet de litiges avec ce gouvernement qui perd même la confiance de leurs corps sécuritaires qui sont directement visés par les salafistes qu’ils s’évertuent à arrêter pour qu’aussitôt la justice relâchent.

Hors d’eux après la mort de leurs camarades, leur syndicat dénonce ouvertement le gouvernement pour son rôle dans ces libérations.

Entre temps les événements d’Égypte ayant eu lieu, notre Tartour national le seul et unique Moncef Marzouki, il n’y en avait qu’un et malheureusement il était pour nous, craignant le même scénario, pousse le Général Ammar chef d’état majors des trois armées vers la retraite, et pour être sur qu’il n’ai pas laissé de métastase derrière lui, il décapite l’armée en changeant les chefs d’état majors de chaque corps militaire.

Conclusion

C’est ainsi qu’aujourd’hui nous nous retrouvons dans un dialogue national afin de trouver une sortie de crise car Nahda n’a pas voulue trouver la sortie.

Certains pourront penser ce bilan est incomplet voire volontairement noirci.

Ils ont raison sur un point : il est incomplet. J’ai la pudeur de ne pas tout étaler afin que nous gardions un peu d’amour propre à défaut de ne plus avoir de vernis.

Ils ont raisons sur un point il est incomplet. J’ai la pudeur de ne pas tout étaler afin que nous gardions un peu d’amour propre à défaut de ne plus avoir de vernis.

Résistance - صÙمود Court métrage Tunisien 2013

Court métrage Tunisien réalisé par Amine Chiboub et produit la société de production Atlas Vision.

Synopsis

Un jeune se réveille, le corps recouvert de blessures et d'ecchymoses. Il se lève pour effectuer les gestes du quotidien tandis qu'en son for intérieur défilent les souvenirs, depuis la Révolution jusqu'à aujourd'hui.

Un bilan tunisien
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