10 Km/h de moins une mesure entre diktat écolo et lobbying électoral
03 août 2013C'est l'été, les routes de vos vacances connaissent leur flot de vacanciers (enfin ceux qui le peuvent) et bouchons traditionnels. Mais l'été c'est aussi le moment où le français oublie un temps tout ce qui le chagrine tout au long de son année, et nos décideurs en profitent pour nous concocter des petites réformes à venir forcément impopulaires. L'une d'entre-elles, évoquée il y a quelques semaines, suit son petit bonhomme de chemin : « la réduction de la vitesse routière et autoroutière de 10KM/h ». Pour preuve cette petite phrase de Manuel Valls qui estime : « inéluctable une réduction de la vitesse maximale autorisée ».
Mesure justifiée ou n-énième brimade ?
Les associations de sécurité routière se comportent comme des parents castrateurs. Comme si, nous automobilistes, je parle là de la majorité, n'étions pas capables de juger ce que l'on doit et peut faire et là où l'on doit « lever la pédale ».
Si cette mesure est destinée à limiter le nombre d'accidents corporels ou mortels sur les routes de notre douce France, je pense que c'est une fausse mesure. Si, depuis quelques années on constate une réduction du nombre de blessés ou de tués sur la route, les mesures-contrariantes imposées aux automobilistes sont-elles réellement le facteur alpha de ces meilleures statistiques ? On oublie trop souvent de parler de l'avancée de la technologie dans la conception des véhicules (et pour une fois c'est l'industrie européenne qui est à la pointe - Allemagne et France-). En effet, depuis près de 15 ans nos véhicules sont plus sûrs, plus sécurisés pour soi-même comme pour autrui. Les contraintes du contrôle technique ont éradiqué les véhicules poubelles et dangereux que nous connaissions auparavant. Les différentes incitations fiscales et commerciales, de la jupette en passant par la prime à la casse et autres bonus constructeurs ont permis à nombre d'acquérir des véhicules « modernes ».
Mais qu'en est-il réellement des mesures ? Je ne parle pas de celles qui tombent sous le sens comme l'alcoolémie ou l'utilisation du téléphone portable en acte de conduite, mais de celles concernant la vitesse.
La vitesse n'est pas dangereuse en soi.
Ce sont les comportements individuels, parfois collectifs, liés à celle-ci qui sont à noter. Le non-respect des distances de sécurité par exemple, rien à voir avec un 80KM/h ou un 90KM/h. Le problème existera toujours et même à 30KM/h. Certes le choc sera peut-être un peu moins violent mais l'accident sera toujours au rendez-vous. Les mauvaises habitudes de conduite comme l'utilisation intempestif du frein au détriment du frein moteur est aussi accidentogène que la vitesse. Les clignotants sont aussi un vaste débat. Combien de fois sur autoroute un véhicule déboîte pour doubler sans clignotant et/ou pire sans anticiper son dépassement, n'effectuant celui-ci qu'au cul du véhicule qui le précède. Alors la vitesse dans tout cela ? Je crois, n'en déplaise aux associations de la sécurité routière (toute relative qu'elle soit), une réduction de la vitesse de 10KM/h c'est une connerie de plus et une arme de plus dans l'arsenal répressif de la police de la route.
Et les écolos dans tout cela ?
On fait coup double, on réduit le nombre de mort et celui du dioxyde de carbone. Je ris ! Réduction du dioxyde, fumisterie sur cette mesure. Lorsqu'on le sait que les émissions liées à l'activité routière sont les plus importantes en périphérie des grandes métropoles ou dans des centre-villes engorgés, et que l'on y roule généralement entre 10 et 30 KM/h de moins que la vitesse maximale autorisée. Alors elle servira à quoi pour la nature cette mesure restrictive pour les automobilistes ? Le mieux serait de repenser nos modes de déplacements urbains et péri-urbains en terme de transport collectif (que je préfère à celui de transport en commun). Cela devra passer par des mesures fortes. Gratuité des transports en milieu urbain, prise en charge par l'employeur à 100% des coûts de transports de ses salariés entre son lieu de résidence et son poste de travail ou par une mise en place d'un service de transport collectif par l'entreprise.
Et pour nos départs en vacances, il faudrait aussi que l’État joue son rôle d'actionnaire auprès de la SNCF en obligeant celle-ci à fournir un « véritable billet congés » aux familles désireuses d'utiliser ce mode transport pour se déplacer. En fait, réduire nos émissions de CO2 liées à nos déplacements, c'est une réforme de fond, sociale et politique, et non pas une mesurette inscrite au code de la route, qui fera peut-être la différence.
Un sondage éloquent
Si l'on en croit les conclusions d'un sondage Ifop en date du 1er Août, seuls 24 % des Français se déclarent favorables au passage des vitesses maximales autorisées de 130 km/h à 120 km/h sur autoroute, de 90 km/h à 80 km/h sur route nationale et de 50 km/h à 30 km/h en ville.
Du 29 au 31 juillet 2013, pas moins de 1005 personnes âgées de plus de 18 ans ont été interrogées par voie de questionnaire auto-administré sur internet. De cette enquête, il ressort que si 7% des Français se déclarent « tout à fait » favorables à une réduction de 10 km/h de la vitesse maximale autorisée, ils sont 76% à faire part de leur opposition au projet du Ministre de l'Intérieur Manuel Valls. Pas moins de 49% se déclarent même y être « tout à fait » opposées.
On a pas mieux comme réforme à faire à la rentrée ?