Les manifestations d'hier, n'ont pas eu l'écho attendu par les syndicats. Face à la réforme des retraites, le monde du travail était très peu présent; la majorité des manifestants étaient en fait des personnels de la fonction publique. 300 000 participants partout en France selon les organisateurs , pour moins de la moitié pour le ministère de l'Intérieur, cette journée d'action est loin de celle organisée contre la réforme des retraites made in Sarkozy.

La manif des « mineurs »

Il faut dire qu'à cette époque, les syndicats étaient unis. La CFDT n'avait pas encore rejoint le camp des signataires de l'ANI et le PS faisait encore vent debout contre une réforme libérale. Mais aujourd'hui, le Parti Socialiste est au gouvernement, la CFDT s'est isolée des autres syndicats. Le gouvernement actuel a réussi ce qu'aucun gouvernement de droite n'avait réussi à faire : l'implosion syndicale. Le gouvernement coincé entre les contraintes budgétaires imposées par l'Europe, le chantage du Medef et de la finance, n'arrive pas à prouver qu'il dirige une politique de gauche sociale. 

Et le monde du travail est divisé. Le ras-le-bol des salariés vis à vis des syndicats, la peur d'être gréviste en ces temps de précarité de l'emploi, réduisent la portée sociale et politique des mouvements comme celui d'hier sur le réforme des retraites. Force a été pour les syndicats de convaincre l'UNEF et l'UNEL (syndicat étudiant et lycéen respectivement) de participer à la journée d'action, histoire de grossir les rangs. 

Un flop prévisible

La CGT, FO, FSU et Solidaire se sont mis seuls à l'arrière ban du changement. Et ce ne sont pas les pitreries de Mélanchon qui arrangent la situation. Il va devenir de plus en plus dur pour ces dinosaures du progrès social passé de remobiliser et surtout de fédérer les salariés. La lutte des classes n'a plus lieu d'être et aujourd'hui nous sommes dans un monde du travail atomisé ou chacun se comporte comme un électron libre se contentant de voir son intérêt personnel avant l'intérêt collectif.

Le flop a donc été au rendez-vous, et ce n'est pas un appel à une mobilisation supplémentaire la semaine prochaine lors du débat du texte à l'Assemblée qui redorera le blason des syndicats frondeurs.

Les syndicats piétinent, le gouvernement rigole

Donc aucune crainte du côté de Matignon ou de l’Élysée sur le front des revendications sociales. Mais le danger est ailleurs. On constate depuis quelques années que la baisse du taux de syndicalisation est proportionnels à la montée de la protestation FN dans les catégories sociales historiquement proches de la CGT. Le mauvais discours des syndicats (CFDT incluse) et le refus systématique du changement ont décrédibilisé ceux-ci. 

L'exemple d'hier est symptomatique de ce malaise, 70% des français sont contre la réforme des retraites, seuls 4 % des salariés (publics et privés confondus) ont fait grève hier. Quel décalage ! La protestation n'existe que dans les sondages, elle n'est plus actée par des faits. Et comme on sait que nos politiques s'intéressent peu aux sondages, hors ceux d'avant les élections majeures, toutes les couleuvres qui nous attendent seront avalées sans broncher.

Le français n'est plus moyen

Et pareil le français quand il vote. Il veut un boulot, un salaire correct, du pouvoir d'achat, des patrons moins puissants et moins riches, des riches plus taxés, des congés et des loisirs, une retraite pas trop tard et que fait-il ? Il vote FN, UMP pour moitié des suffrages, ou pire il s'abstient. Le français n'est plus moyen il tend vers le zéro absolu. Ce n'est pas en pleurant sur l'équipe de France de football, en regardant son nombril que sa condition changera. Certes, l'époque des révolutions est révolue, n'en déplaise à Besancennot, mais la solidarité pour défendre un même idéal de vie par l'action syndicale, le refus de l'abstention et le refus de l'extrémisme. 

Chaque citoyen a le pouvoir de changer quelque chose, non pas individuellement, mais collectivement. Si vous ne faites rien car vous pensez que l'on ne vous écoute pas, vous n'existez plus, ni comme individu et encore moins comme citoyen.

 

Manifs en ordre de retraite et drapeaux en berne
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