La garde des sceaux, ministre de la justice, Christiane Taubira, à peine sortie des débats parlementaires sur le “mariage pour tous”, se lance dans une réforme profonde de l’incarcération, afin de lutter contre la récidive, en importante augmenation sous la droite.

Christine Taubira : l’énergie de la conviction et du travail

Ça a commencé vers la fin des débats parlementaires sur le mariage pour tous ; alors que l’opposition avait passé les premiers mois de la mise en place du gouvernement en faire l’une des principales têtes de turc de ses attaques, le ton a soudainement changé ; non seulement les quolibets ont cessés, mais, comme le confie en souriant Claude Bartolone, le président de l’Assemblée nationale "La droite a essayé de lui coller l'image d'une laxiste en opposition à Manuel Valls. Elle a même dit que la ministre ne connaissait pas ses dossiers. Eh bien ! Aujourd'hui, ils peuvent revenir".

A droite, même discours : "Je ne suis pas d'accord avec la politique qu'elle conduit, mais j'ai du respect pour elle. Elle bosse et peut avoir un esprit national quand elle remercie tous les députés pour le travail fourni dans le débat sur le mariage pour tous", jugeGérald Darmanain, député UMP du Nord. Un avis que l'on entend chez d'autres députés en pointe dans ces discussions, tels que Jean-Frédéric Poisson et Philippe Gosselin.  

Les peines de prison ne sont pas convaincantes pour lutter contre la récidive

Le constat est simple : les peines de prison échouent à prévenir la récidive, bien au contraire - lire sur le sujet le lien en fin d’article “Pourquoi les prisons françaises sont des pousse-au-crime“ - la prison, dans son accentuation de l'oisiveté et le décalage entre la société et l’incarcération, diminue largement tous les efforts de réinsertion mis en place depuis des dizaines d’années ; d’autant que nos prisons sont pleines à craquer et qu’ouvrir de nouvelles places d’incarcération serait coûteux. Ce dossier est important, car il part du postulat que l’important, c’est le résultat. Et, aujourd’hui, le résultat n’est pas là.

Le dossier de la sanction pénale ; réformer et convaincre

L’analyse de la garde des sceaux est simple ; si la prison doit servir à débarrasser la société des individus dangereux qui la rende moins sûre ; la réalité prouve que c’est raté. Comment, alors, sans que cela explose les coûts, améliorer le système actuel ? En le changeant... Et c’est la qu’entre en action Christiane Taubira et son projet de créer une peine de probation. Dans le détail, il s’agit de très fortes contraintes devenant une seconde peine de référence à côté de l’incarcération. Ces contraintes regrouperaient l’indemnisation de la victime, l’obligation de formation, de recherche d’emploi, sevrage alcoolique et soins.

Afin d’éviter les polémiques partisanes, la ministre a donc communiqué ses pistes dans une conférence de presse, puis annoncé la mise en place d’un comité d’organisation, qui a lui même désigné un jury qui prépare 12 recommandations d’urgences.

Une polémique qui risque de s’éteindre à droite

Toutefois, la polémique risque, pour la droite, d’être assez compliquée à lancer, elle qui fut aux affaires durant dix ans et dont le dernier bilan est catastrophique, malgré des méthodes d’incarcérations traditionnelles.

En 2010, 6% des personnes condamnées pour crimes étaient en "récidive légale", comparé à 3,9% en 2006, selon le ministère de la Justice. Pour les délits, ce taux est passé de 7% à 11,1%. Selon une étude de 2011 ne portant que sur les sortants de prison, après un an de liberté, le taux de re-condamnation est de 32% et plus de la moitié (59%) après cinq ans. Ses auteurs avaient conclu que "les risques de re-condamnation des libérés n'ayant bénéficié d'aucun aménagement de peine demeurent 1,6 fois plus élevés que ceux ayant bénéficié d'une libération conditionnelle". 

Réforme de la sanction pénale : Christiane Taubira de plus en plus convaincante
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