De Manou Bouzid, la correspondante tunisienne du Kiosque aux Canards, qui s'implique dans chaque manifestation contre le pouvoir illégitime tunisien.

Ils nous ont ressassé leur légitimité, révolue depuis 8 mois.

Ils nous ont ressassé leur légitimité alors que le quorum de 30% de désistement des députés a été atteint.

Ils font un baroud d’honneur. Ce qui pourrait être risible si la situation n’était pas aussi dramatique. Oui risible, car ils n’ont pas d’honneur. Et on l’avait dit dès le premier jour.

Des milices contre le peuple

Après avoir envoyé leur milice matraquer et gazer les manifestants ; ils s’en sont pris à l’armée qui s’est positionnée autour de l’ANC pour protéger le peuple. Mais ils viennent de commettre l’irréparable ; ils s’en sont pris à notre armée, nos fils, nos frères, nos pères, qui ont monté un mur autour de nous pour nous protéger de ces hordes de sauvages.

Entre 20 et 30 000 manifestants

On les appelle communément les fous de Dieu, mais ils ne sont que les fous du diable, de Satan en personne. Entre 20 et 30 000 personnes se sont réunies, dimanche soir, sur la place devant l’ANC ; ce soir ils sont presque le double et la mobilisation continue.

Feu Chokri Belaid, assassiné par leur milice, disait : « Plus ils étouffent, plus ils sont isolés politiquement, et plus se réduit leur popularité et plus ils se réfugieront dans la violence », il ne s’était pas trompé et l’a payé de sa vie.

Le premier sinistre, dans sa conférence de presse, nous annonce que nous sommes en danger, que des terroristes ont infiltrés le pays. Mais ça ; on le savait déjà depuis le retour du gourou Ghanoucchi. Une heure après cette déclaration, au Mont Chaambi, huit de nos soldats tombent dans une embuscade et se font massacrer.

Excellent timing Monsieur le Sinistre, chronométré à la minute près.

Des terroristes d’État

Comment ces terroristes se sont-ils infiltrés à Chaambi, alors que le secteur était quadrillé par l’armée, si ce n’est avec l’aide des autorités locales, c'est-à-dire Nahda ?

Comment ont-ils put établir un camp d’entrainement, à quelques kilomètres de zones habitées, si ce n’est avec la complicité de Nahda qui a mis la main basse sur tout ?

Le Tartour, bien protégé au palais de Carthage, demande aux tunisiens de se serrer les coudes suite à cette attaque terroriste.

On l’a bien entendu, on se serre les coudes mais contre eux, les ennemis de la Tunisie.

Il se prend pour un vrai président choisis par le peuple, alors si les occidentaux ne le savent pas ; il n’a jamais était élu par le peuple puisqu’il s’est présenté aux élections de la constituante et n’a même pas obtenu 8000 voix. Mais voilà : il a vendu celles de son partis à Nahda pour obtenir ce siège dont il rêve depuis toujours.

Que cette troïka ne nous parle plus de légitimité ! Elle n’en a pas et pour rassurer les esprits frileux des occidentaux qui font semblant de ne voir que la légalité : ELLE N’EN A PLUS.

Nous avons la rue ; nous la gardons !

Ce pantin à la solde de Nahda essai de gagner du temps, il ne veut pas quitter Carthage, même au prix de milliers de morts s’il le faut. Il décrète trois jours de deuil pensant que le peuple va rentrer chez lui pleurer ses martyrs. Nous n’avons pas le temps, nous y sommes, nous y restons, vous avez les sièges, le pouvoir et l’argent, nous avons la rue et nous la gardons.

Les manifestations éclatent dans toutes les villes de la Tunisie, nous ne les laisseront pas abattre notre pays.

Dans le sit-in de ce soir, les pros gouvernementaux - c'est-à-dire les islamistes - ont quasiment disparus. Ils savent qu’en cas d’altercation les militaires ne choisiront pas le camp de ceux qui ont tué leurs frères.

Dés la rupture du jeûne, une foule impressionnante de manifestants s’est dirigée vers le Bardo - notre place Tahir -. Hommes, femmes, jeunes, vieux, voilées, non voilées, tous pour réclamer la dissolution de l’ANC et du gouvernement.

Nombre de femmes ont abandonné maris et enfants à la maison et se sont précipitées au sit-in. Avec des femmes pareilles, on ne peut pas désespérer.

Le premier sinistre annonce que nous aurons des élections le 17 décembre, personne n’a compris pourquoi le 17 décembre, pourquoi pas le 15. Le 17 étant un mardi ; qui a déjà vu des élections un mardi ?

En fait le 17 décembre 2010 Bouazizi s’immolait. Ce fut l’élément déclencheur de la révolution. Ils ont récupéré la première révolution. En annonçant la date du 17 décembre, ils espèrent récupérer la seconde. Mais aujourd’hui plus personne ne pense à Bouazizi, mais tout le monde pense à Lotfi Naquet, Chokry Belaid, Mohamed Brahmi, et à nos valeureux soldats tués par ces par ces escadrons du diable, donc pour nous le 17 décembre ne représente plus rien .

L’amateurisme crasse des dirigeants tunisien

Le pays est tellement riche, la croissance est tellement positive, que le 1er sinistre trouve que l’on peut se permettre une journée chômée payée supplémentaire pour aller voter, au lieu d’organiser des élections un dimanche. Leur amateurisme dans la gestion d’un pays est tellement désespérant qu’on ne trouve plus rien à dire. Tout ce qu’ils veulent , c’est gagner du temps, mais du temps pourquoi, là est la question ?

Le sinistre parle de démocratie, et la légitimité ne doit pas passer par un coup d’état. On pourrait, là aussi, presque en rire puisque, depuis près de deux ans, ils ont fait un coup d’état institutionnel, ayant été élus pour un an pour une seule chose : écrire une constitution.

Ils viennent de passer près de deux ans à infiltrer toutes les institutions... Jamais aucun gouvernement au monde n’a fait autant de nominations en si peu de temps ; tout y passe : la police, la douane, la magistrature, les mairies, les sous mairies, les cantons, les gouvernorats, les préfectures,... Toutes les institutions étatiques, sociétés, usines, administrations, ils n’ont rien oublié, ils osent parler de légitimité et de démocratie ?

Maintenant ils veulent nous tenir, par la terreur, en reproduisant le scénario algérien. Mais nous ne céderons ni à la menace, ni à la peur ; les algériens ont survécu, nous survivrons aussi.

La nuit va être longue au Bardo, et les jours prochains interminables, mais lorsque nous pourrons enfin dormir sur nos deux oreilles, eux perdront définitivement le sommeil.

Thaya Tounes

(Que vive la Tunisie)

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