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«Et si on arrêtait de mentir aux Français?» a tweeté la présidente du RN, pointant la différence entre les chiffres de Pôle Emploi et de l’Insee.

C’est un débat désormais récurrent à chaque publication de données officielles: «on nous ment», disent certains, remettant en cause la véracité des chiffres fournis par les institutions à l’origine de ces études et y voyant des «manipulations». 

Sauf que ces blaireaux incultes confondent les données de Pôle emploi et ceux de l'Insee. Ne parlons même pas des chiffres du Bureau international du travail, qui confirme la baisse du chômage en France.

Le Pen confond le taux de chômage et le nombre brut de chômeurs

Alors que le gouvernement se frottait les mains, satisfait des bons résultats obtenus, de nombreuses personnes remettaient en cause les données, notamment sur les réseaux sociaux. Certains établissaient un parallèle avec le nombre de personnes inscrites à Pôle emploi, d’autres soulignaient que les statistiques du chômage ne baissaient que grâce aux «radiations», non grâce à une dynamique de l’emploi.

Parmi les voix discordantes figuraient notamment quelques responsables politiques. Confondant le taux de chômage - un rapport entre deux chiffres - avec le nombre brut de chômeurs, l’ex-représentant du Front national Florian Philippot relevait ainsi sur Twitter qu’il y avait «moins de 4 millions d’inscrits à Pôle emploi en 2008. Plus de 6 millions aujourd’hui. Mais on va vous dire toute la journée que le chômage est au plus bas depuis 2008». Et le chef des Patriotes de terminer son message par un appel à «changer vraiment de politique au lieu de mentir».

Un doute similaire a été exprimé par la présidente du Rassemblement nationale, Marine Le Pen: «La France (hors Mayotte) compte 2,424 millions de chômeurs» mais, «en même temps», 3.308.800 personnes sont inscrites à Pôle Emploi en catégorie A donc SANS emploi... Et si on arrêtait de mentir aux Français?», s’est-elle interrogée, signant de son nom le message.

L’Insee rappelle les bases du calcul des chômeurs en France

Mais, cette fois-ci, l’Insee a décidé de répondre aux accusations. Sur le blog de l’institution, lancé mi-janvier pour «éclairer le débat économique et social» et «lutter contre la propagation d’informations fausses ou détournées», un administrateur de l’institut, Benoît Ourliac, a tenu à revenir sur les chiffres du chômage. Répondant sans la nommer à Marine le Pen - mais en la citant -, le chef de l’Insee a rappelé que la définition d’un chômeur retenue par ses équipes pour réaliser leur estimation se basait sur des critères établis par le Bureau international du travail (BIT). Elle n’a donc rien à voir avec le nombre de personnes inscrites à Pôle emploi et n’est en aucun cas affectée par les radiations administratives, ce qui explique notamment les différences entre les estimations de l’Insee et de Pôle emploi. De même, la catégorie A de Pôle emploi ne rejoint pas non plus parfaitement la définition des chômeurs du sens du BIT: les deux chiffres ne peuvent donc pas être comparés.

En outre, l’Insee calcule le taux de chômage sur la base d’une «enquête Emploi», réalisée régulièrement auprès d’un «échantillon représentatif de 70.000 ménages tirés aléatoirement sur l’ensemble du territoire». La mesure du chômage au sens du BIT repose donc sur leurs déclarations, rappelle Benoît Ourliac, et «il n’y a pas de raison de penser qu’ils mentent aux Français à travers leurs réponses». En d’autres termes, l’accusation de Marine Le Pen ne devrait pas porter contre l’Insee, qui ne fait que collecter les données, mais contre les Français participant à l’enquête, un paradoxe qui explique le titre facétieux de l’article du blog: «Les Français mentent-ils aux Français?»

Reconnaissant les limites d’une telle estimation, Benoît Ourliac rappelle que plusieurs autres indicateurs précisent les contours du chômage en France. Ainsi, le halo autour du chômage, le sous-emploi ou encore les données de Pôle emploi apportent-elles des données complémentaires bienvenues. De quoi enrichir un débat ô combien conflictuel.

Oui, l'Insee est indépendante, n'en déplaise aux blaireaux

L’administrateur n’est d’ailleurs pas le premier à rendre les coups. Dans un message publié hier sur LinkedIn, le patron de l’Insee, Jean-Luc Tavernier, s’est emporté contre ceux, dont Emmanuel Todd, qui remettent en cause l’indépendance de son institution, notamment dans le cadre de la réforme des retraites. «Emmanuel Todd fait commerce des critiques de la mesure de l’inflation formulées par Philippe Herlin dans un précédent livre. Les critiques méthodologiques sont frustes, elles s’accompagnent de soupçons sur l’indépendance de l’institut et tout récemment d’attaques personnelles. Chacun ses méthodes», écrit-il sans ambages.

Voilà plus de dix ans que l'on avait plus vu un tel chiffre

Les radiations à Pôle Emploi expliquent-elles la baisse du chômage ?

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