Dans les autres pays lorsque l'action d'un président de la République contribue à réduire le chômage, tout le monde s'accorde à le trouver bon malgré les reproches des oppositions… Mieux, on décrète qu'il sera réélu : c'est le cas de Trump ! Et que penser de Boris Johnson, voué aux gémonies, qui est en train d'être réhabilité à la perspective d'un Brexit économique pas si inquiétant…

Une France survoltée

Alors certes, Emmanuel Macron doit faire face à une France survoltée et à des oppositions bruyantes et violentes, mais n'est-ce-pas un des grands classiques des Français qui guillotinent à tour de bras, de l'échafaud à twitter ? Certes, sa communication est mauvaise mais au stade où nous en sommes, s'il dit que l'herbe est verte, on expliquera que c'est par démagogie envers les écolos.

Jacques Attali ne dit-il pas que "le cas Macron est une réussite"? Et,de fait, qui reconnaîtra sur les plateaux TV que la croissance de la France est la plus élevée d’Europe (plus qu’en Allemagne) et que le chômage est en fort recul ? Au passage, notez que la sémantique révèle bien notre état d'esprit : on parle du « recul du chômage" et pas de « création d'emplois » ;  trop positif. Les principaux indicateurs économiques sont rassurants en 2019 : 200.000 chômeurs de moins, augmentation de la croissance, progression du pouvoir d’achat…

Les réformes du marché du travail ont été significatives

Nous oublions tous les succès au fur et à mesure, pour nous jeter quotidiennement sur l'objet potentiel d'un courroux. Retenons quelques sérieuses avancées : les réformes du marché du travail ont été significatives et ont permis de créer les conditions de la reprise ; la peur de recruter s'est estompée car le coût aléatoire des licenciements a été jugulé, une mesure que personne ne salue, sauf les chefs d'entreprise, sous prétexte qu'elle serait un dommage pour les salariés et pourtant en ce moment on n’arrive pas à recruter. La réforme de la SNCF est finalement plutôt en bonne voie, c'est le cas de le dire ! Quant à la réforme des retraites, il est encore tôt pour pouvoir faire des prévisions, mais les ennemis déclarés eux-mêmes disent que les manifs et les grèves déclinent. On peut aussi parier qu'elle va réussir, au moins partiellement, même si elle a été tellement mal menée et mal exécutée.

Le FMI et leur chef économiste, Maurice Obstfeld, ont salué les « succès notables » du président

Saluons la baisse de la fiscalité et celle du capital contribuant à créer un désir d'investissement et à stimuler le pouvoir d’achat même si c'est insuffisant. Pire : tout à coup, les riches partent moins que de bruit pour rien sur la suppression de l’ISF, impôt symbolique qu'il était important de supprimer justement parce que c'était un symbole, celui du seul pays au monde qui l'imposait. Le FMI et leur chef économiste, Maurice Obstfeld, ont salué les « succès notables » du président depuis son arrivée à l’Élysée et notamment son programme de réformes ambitieux. Et oui ! L'attractivité de la France est forte, malgré la violence que nous laissons se développer et les grèves polluantes.

Critiquer la méthode mais applaudir le bilan

A l'international, quelle bonne image certes de réunir à Versailles les plus grands patrons de la planète (et la veille de l'anniversaire de la mort du roi !), le tout en pleine grève, mais qui facilite pas la communication. Sur le plan diplomatique, succès du G7 de Biarritz ; une rare unité obtenue, un climat consensuel, un message d’unité…  Emmanuel Macron porte le projet d’Europe au plus haut, on le lui reproche, mais n'en avons-nous pas besoin ? Il se pose en leader et agace aussi en Europe, mais une Europe sans leader est condamnée, qui voyez vous d’autre ?

Nous serions en dictature ? C'est une blague ! Et nous le savons tous au fond de nous, mais la mauvaise foi des opposants politiques est sans limite. Certains parlent de "démocrature", on reconnait bien là l'esprit français. En parlant de consultation du peuple : la convention citoyenne pour le climat qui regroupe 150 citoyens tirés au sort est aussi un effort pour répondre à la crise des gilets jaunes sans parler des 17 milliards d’euros versés (au passage !).

Volonté, courage, grande intelligence, prise de risque, foi inflexible en la démocratie et la République, une énergie intacte

Il faut être objectif sur certaines qualités du président : volonté, courage, grande intelligence, prise de risque, foi inflexible en la démocratie et la République, une énergie intacte... Finalement on peut applaudir le bilan et critiquer la méthode. Pour les mêmes réformes à mener on agit très différemment en Allemagne ou en Grande-Bretagne où le rôle de la représentation parlementaire est central et où les syndicats sont coopératifs. En France, on réforme par l'autorité : Bonaparte sous le consulat, De Gaulle en 1959, petites différences certes, mais l'un et l'autre ne se fiaient qu'à leur propre point de vue, Macron est dans la lignée !

Ajoutez à cela, des défauts : une certaine inexpérience politique, un exercice solitaire du pouvoir (ça rappelle quelque chose), un entourage personnel et politique médiocre aux exceptions près bien sûr, et un parti tout neuf qui essuie les plâtres du "en même temps".

Et puis il y a les Français à gouverner et ce n'est pas rien ! Nous nous complaisons, bien aidés par les medias, dans la repentance accusatrice, les droits de l'hommisme, la lutte des classes qui tient bon, et la jalousie sociale sous le couvert de revendication égalitaire. Cela donne une France qui va bien et des Français qui vont mal ...

Mais après tout : les chiens aboient et la caravane passe...

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