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Et ça les fait chier ! Tant mieux, d’ ailleurs, vu que la droite traditionnelle se ramasse depuis 2017 ; vu que le PS est inexistant ; que  Mélenchon dérape à chaque intervention ; que  le Renouveau national - ex FN - ne trouve pas ses marques depuis le débat de second tour, liant gauchisme et populisme ; que  les écologistes ont une vision de QI d’huître de la politique quotidienne.

Bref ; et qui donc fait des réformes comme jamais depuis le début de notre cinquième république ?

« Casse sociale », « réformes brutales », « politique de gribouille »… En un an, la politique  d'Emmanuel Macron a suscité de nombreuses réactions, notamment du côté  de syndicats et dans les rangs de l'opposition. Si les appréciations politiques divergent, les opinions convergent au moins sur un point : le plus jeune président de la Ve République a mené beaucoup de réformes depuis son élection, et son investiture il y a un an jour pour jour. Mais que disent les chiffres ?

« Les Echos » se sont penchés sur l'activité législative - notamment le nombre de projets et propositions de loi déposés puis adoptés par le Parlement - pendant la première année du mandat d'Emmanuel Macron. Des chiffres ensuite comparés à ceux de ses trois prédécesseurs : de mai 1995 à mai 1996 pour Jacques Chirac, 2007-2008 pour Nicolas Sarkozy et 2012-2013 pour François Hollande. Nous n'avons pas choisi de remonter plus loin que la réforme constitutionnelle de 1995 qui a modifié le calendrier des sessions parlementaires.

Certes, ces chiffres ne sont pas un critère suffisant pour juger du caractère « réformiste » d'un Président, surtout sur une période aussi courte que douze mois. Mais c'est un indicateur intéressant du rythme et surtout de l'ampleur des réformes menées.

Moins de lois adoptées…

Premier enseignement de cette étude comparée : en nombre de lois adoptées, le bilan d'Emmanuel Macron n'est pas celui que l'on croit. «  Jupiter  » a fait adopter moins de lois lors de sa première année à la tête de l'Etat que ses prédécesseurs. Et de très loin.

Entre mai 2017 et mai 2018, « seulement » 28 lois ont en effet été votées par le Parlement (hors conventions, c'est-à-dire les textes autorisant la ratification de traités et accords internationaux), contre environ le double pour ses prédécesseurs. La première année de mandat de Jacques Chirac avait ainsi vu l'adoption de 57 lois, celle de Nicolas Sarkozy 55 lois et celle de François Hollande 53 lois.

…mais plus de chantiers lancés

D'un point de vue strictement comptable, Emmanuel Macron est donc largement derrière ses prédécesseurs. Mais ce chiffre ne donne qu'une vision parcellaire de l'activité du Président, notamment parce qu'elle survalorise certaines « petites » réformes de ses prédécesseurs et surtout parce qu'elle ne tient pas compte des chantiers dans les tuyaux. « Ce qui est important, c'est le nombre de réformes lancées », confirme l'économiste Elie Cohen.

Vu sous cet angle, les choses sont en effet quelque peu différentes. Et c'est le deuxième enseignement de cette comparaison. Car si Macron est « à la traîne », c'est notamment en raison du nombre et de l'ampleur des chantiers abordés depuis mai 2017, comme le souligne l'historien Jean Garrigue : « Contrairement à ses prédécesseurs, Macron n'a pas un projet de transformation, mais de rupture, qui concerne tous les pans de la société ».

SNCF, assurance chômage, institutions…

Le locataire de l'Elysée ne s'est pas seulement attaqué à la réforme de la fiscalité ( taxe d'habitation, baisse de la fiscalité sur le capital) du Code du travail ou de  la moralisation de la vie politique.  Il a également lancé de nombreux chantiers pour la suite de son quinquennat, comme  les réformes du rail, de l'assurance chômage et de la lutte contre  les violences sexuelles.

Ses prédécesseurs ont, eux, été rapidement stoppés dans la mise en oeuvre de leur programme et ce, dès la première année de leur mandat. Jacques Chirac avait été ainsi durablement affaibli, dès 1995, par la mobilisation des cheminots contre le « plan Juppé », qui n'a été que partiellement voté. De son côté, Nicolas Sarkozy a dû faire face dès 2008 à la crise financière. Au bout de quelques mois de présidence, le candidat du « pouvoir d'achat » a remisé une partie de son programme pour gérer la crise. Enfin, l'action de François Hollande a été très tôt limitée par l'influence  des « frondeurs » de sa majorité .

« Macron s'est donné les moyens politiques et institutionnels de mener à bien son programme. Et ça, c'est une nouveauté pour un Président », explique Elie Cohen. Rendez-vous en mai 2019 pour un nouveau bilan des mesures qui seront parvenues jusqu'au Parlement.

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