Trois documentaires en vidéo et liens.

Dans la série «quand on ne sait pas, on la ferme» ; une nouvelle entrée cette semaine : Non "130 djihadistes français" ne vont pas rentrer en France.

D’abord, parce que parmi les 130 Français actuellement détenus par les Kurdes en Syrie, une quinzaine a en fait déjà été transférée en Irak et sera jugée sur place. Les autres seront rapatriés en France et "judiciarisés". Sauf que voilà : parmi eux, une très grande majorité d'enfants âgés de moins de 7 ans. Ce sont donc, en réalité, environ 40 adultes qui rentreront pour être jugés. Explications.

 

"130 djihadistes français vont revenir sur le territoire national dans les semaines qui viennent." 

Cette annonce a secoué la classe politique la semaine dernière. 

Le retour de djihadistes français, conséquence du retrait américain de Syrie, suscite en effet de nombreux casse-tête juridique, carcéral, humain et politique. Pourtant, cette assertion - "130 djihadistes français de retour sur le territoire national" - est fausse. Ce chiffre recouvre en effet des réalités bien différentes. Plusieurs vont être jugés en Irak, de nombreux autres sont trop jeunes pour être appelés "djihadistes". 

Parmi les 130 Français, une quinzaine va être jugée en Irak

Parmi les 130 Français, "une quinzaine" ont d'ores et déjà été transférés des camps kurdes aux autorités irakiennes, révèle au JDD une source bien informée. Il s'agit de détenus ayant commis des faits en lien avec une entreprise terroriste sur le territoire irakien. Ceux-ci y seront jugés et exécuteront leur peine en Irak.

Mélina Boughedir

Comme d'autres Français avant eux : Mélina Boughedir, Djamila Boutoutaou et Lahcen Guebouj ont par exemple tous trois été condamnés à la prison à perpétuité en Irak pour appartenance au groupe Etat islamique. Au moins une quinzaine d'autres Français se trouvent également déjà détenus en Irak, en attente de leur procès.

Dans le cas de l'Irak, la position de la France a toujours été de laisser cet Etat souverain juger les ressortissants français ayant commis des faits à caractère terroriste sur son sol, à la seule réserve que ne leur soit pas infligé un traitement inhumain et dégradant et qu'ils ne soient pas condamnés à mort.

Seuls les détenus français ayant commis des actes en Irak peuvent y être transférés pour y être jugés.

Mélina Boughedir, Djamila Boutoutaou et Lahcen Guebouj ont par exemple tous trois été condamnés à la prison à perpétuité en Irak pour appartenance au groupe Etat islamique

Entre 70 et 80 enfants, la plupart âgés de moins de 7 ans

Sur le nombre de Français qui se trouvent toujours aux mains des Kurdes et dont on craint qu'ils se dispersent dans la nature après le départ des troupes américaines de Syrie ou qu’ils soient arrêtés par les troupes de Bachar el-Assad - environ 115 personnes donc – se trouvent en réalité une très grande majorité d'enfants, entre 70 et 80 selon les sources. La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a précisé cette semaine que 75% d'entre eux étaient âgés de moins de 7 ans.

Enfin, parmi les autres Français détenus par les Kurdes – une petite quarantaine – se trouvent des femmes et des hommes impliqués à des degrés divers dans l'organisation de l'Etat islamique.

Parmi eux, se trouvent des "figures" du djihad :

Parmi les femmes, sept ou huit sont considérées des combattantes actives. C'est le cas notamment de la Bretonne Emilie König, qui a été un temps recruteuse de Daech et placée sur la liste noire des "combattants terroristes étrangers" par la CIA.

Adrien Guihal

Du côté des hommes, on compte aussi des "figures" du djihad français. C'est le cas d'Adrien Guihal, l'une des voix françaises qui avait revendiqué l'assassinat à Magnanville d'un policier et de sa compagne en juin 2016 puis l'attentat de Nice, le 14 juillet ; et des membres de la filière d'Artigat, Thomas Barnouin et Thomas Collange notamment, par laquelle sont passés les frères Clain (les "voix" des attentats du 13 novembre 2015) et les frères Merah.

Les autres Français, parmi lesquelles se trouvent de nombreuses femmes, ont été moins impliqués dans le djihad, mais se trouvent sur le territoire syrien depuis longtemps, quatre ou cinq ans selon les experts.

Les autres Français, parmi lesquelles se trouvent de nombreuses femmes, ont été moins impliqués dans le djihad, mais se trouvent sur le territoire syrien depuis longtemps, quatre ou cinq ans selon les experts.

Ce qui les attend en France 

Ce sont donc ces 70 à 80 enfants et ces 40 personnes environ qui seront rapatriés en France pour y être "judiciarisés", comme l'a dit la semaine dernière le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner. Ils seraient expulsés du territoire kurde et pourraient transiter par l'Irak avant d'atterrir en France. Parmi les adultes, tous sont visés dans des procédures.

Les enfants passeront systématiquement par le juge des enfants et seront placés en famille d'accueil, plutôt qu'en foyer ou chez leur famille proche si elle existe. Cela a déjà été fait pour des enfants rapatriés de zones de combat. Actuellement, le département de Seine-Saint-Denis prend en charge 36 jeunes "revenants".

Les adultes déjà jugés en leur absence et condamnés feront l'objet d'une exécution de peine.

Les adultes faisant l'objet de mandats d'arrêt dans le cadre d'information judiciaire seront présentés à un juge d'instruction pour être mis en examen et le cas échéant placés en détention provisoire.

Les adultes visés par des mandats de recherches seront placés en garde à vue, qui pourra durer jusqu'à 96 heures.

Tous pourront être mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste, car le simple fait d'avoir rejoint un groupe djihadiste dans une zone de combat permet de retenir cette qualification, contrairement à l'Allemagne où doit être prouvée la participation effective aux combats.

Ces chiffres pourraient encore évoluer si l’instabilité gagnait le Kurdistan syrien. Selon les experts, le nombre de Français encore présents sur place et qui n’ont pas encore été arrêtés par les Kurdes ou les forces de Damas est évalué entre 100 et 200 personnes, dont de nombreuses femmes avec des enfants.

Femmes contre Daech

Face à l'organisation terroriste Daech, des centaines de jeunes femmes kurdes ont pris les fusils. Elles se battent tous les jours, en première ligne sur le front. Armées de leur courage, de leur détermination et de leurs « youyous », elles font fuir les djihadistes. Viyan, 25 ans, snipeuse, est l'une des plus jeunes commandantes de la guérilla. 

A la tête d'un centre d'entraînement, Ararat, 25 ans également, forme les recrues féminines. La documentariste les suit dans leur quotidien, sur le front, dans leurs bases, dans leurs villages natals. 

Ces combattantes font part des raisons de leur engagement, de la réalité de leur combat et des souffrances physiques et morales qu’il implique.

Au coeur de daech

Quelques images impressionnantes, des révélations à l'époque de sortie du documentaire - 2016 -. Un document solidement étayé et intéressant qui nous montre une partie de la destruction de Daech

Esclaves de Daech

Dans ce documentaire d’une rare intensité, coréalisé avec David Evans, Philippe Sands porte jusqu’à la Cour pénale internationale (CPI) le récit des atrocités subies par les deux jeunes femmes, avec pour but la tenue d’un procès international. 

Bouleversant et courageux. 

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