Son goût de la provocation ne s'émousse pas avec les années: à 89 ans, et alors qu'il doit comparaître ce mercredi matin devant le tribunal correctionnel pour "provocation à la haine et injure publique envers les homosexuels", Jean-Marie Le Pen s'est offert samedi soir une soirée dans le cabaret "Chez Michou", révèle Le Parisien.

Sauf que voilà ; ce n’est pas la première fois que Jean-Marie Le Pen a un comportement ambiguë sur ce sujet. Rappelons-nous son «expérience» avec André Labarrère...

Le Pen chez Michou

Accompagné de sa femme Jany et vêtu d'une veste bleue -  couleur fétiche du propriétaire des lieux -, l'encore président d'honneur du Front national a assisté au spectacle transformiste de l'établissement, posant même au côté de Michou, figure de la communauté homosexuelle. Jean-Marie Le Pen avait affirmé en mars 2016 que la pédophilie avait "trouvé ses lettres de noblesse dans l’exaltation de l’homosexualité". 

Cette semaine est un véritable marathon judiciaire pour le fondateur du parti d'extrême droite, puisque le tribunal de Versailles statuera vendredi sur son exclusion polémique du Front national, objet d'une guerre des tranchées l'opposant à sa fille Marine Le Pen. 

Passé inaperçu dans la presse française

Normal. La vie privée des hommes - et des femmes... - politiques n’est pas ce qu’il y a de plus développé dans notre société. Et, il faut le reconnaître ; c’est tant mieux. Souvenons-nous de la fameuse blague sur Hitler et Churchill détaillant que l’un était végétarien, non fumeur, non buveur, aimant les enfants et les animaux et fidèle alors que l’autre était tout l’inverse. Pourtant, le premier fut un monstre quand le second fut un héros.

Les personnages atypiques existent en politique. C’est le cas d’André Labarrère, né le 12 janvier 1928 à Pau et mort le 16 mai 2006. Membre du Parti socialiste, il a été député, sénateur, vice-président de l'Assemblée nationale entre 1973 et 1974, ministre chargé des relations avec le Parlement de 1981 à 1986, ainsi que maire de la ville de Pau de 1971 à 2006.

Labarrère ; le petit ami de Le Pen

Il a aussi publié plusieurs ouvrages, sur des sujets aussi divers que la ville de Pau, la graphologie ou le cinéma, et animé des émissions de télévision. Et il a fait son “coming out” en 1998. Le soir, souvent, en quittant l'hôtel de ville, André Labarrère klaxonnait Sandra, la prostituée en vitrine de Pau. "Le pédé salue la putain" disait le maire, "elle et moi, on se comprend. On est différents." 

ll aimait aussi descendre son grand escalier, vers midi, et que la rue s'anima à son passage. Au restaurant, le conseiller général de droite se levait : «Dédé !» Sa dame tendait une patte mondaine. Trois hommes mûrs arrivaient en essaim, bérets noirs sur teint fleuri: «Minou, ma caquoune, ça va, petits?» Un beau garçon, yeux noirs et petites fesses, fend la place de la mairie: «Monsieur le maire, on te voit plus"» André Labarrère fondait de jovialité, d'émotion: «J'ai tout. La gloire et l'amour. J'aime ma ville, j'aime les gens et ils m'aiment.»

Profondément opposé au mariage homosexuel ; il le fait savoir au moment où le député-maire de Bègle, noël Mamère, célèbre dans sa mairie un mariage gay. Pourtant, il était surnommé « l'embrayage » par de nombreuses personnes - pédale de gauche - ce qui le faisait franchement marrer...

... Personnage “Atypique” on vous dit...

Le Pen et Labarrère amis depuis l’UNEF de 1947 à 1949

Le 16 mai 2006, lorsqu’André Labarrère meurt, un communiqué de presse du président du Front national surprend tout le monde : “Homme courageux et sincère, ce parlementaire dont je ne partage pas les opinions politiques était totalement dévoué à sa fonction politique. Nous avions conservé de nos années de jeunesse à l'UNEF, des relations d'estime et d'amicale camaraderie qu'un demi-siècle de vie politique n'avait pas entamées.”

Surprenant en effet de la part du leader du parti d’extrême-droite, anti socialiste et anti homo primaire et vicéral, dont les attaques fustigeaient le maire de Pau, à l’occasion d’un incendie criminel contre la porte du local FN de la ville et qui avait détruit des documents personnels, professionnels et politiques appartenant à Jacques Henriot, conseiller municipal et régional FN.

Dans un communiqué datant de 2002, le Front national avait dénoncé cet incendie et s'en était pris au maire socialiste de Pau, André Labarrère, estimant que «ce n'est pas un hasard si l'incendie criminel (...) a été perpétré à Pau. M. Labarrère, en interdisant l'université d'été du Front national dans cette ville, au mépris de la parole donnée et des contrats signés, a évidemment une responsabilité morale dans cette affaire (...)». 

«Une fois de plus, les citoyens peuvent constater que le Front national est victime de la violence terroriste attisée par la démocratie totalitaire, alors qu'il se montre toujours, quant à lui, respectueux des règles démocratiques et de l'ordre républicain», concluait le communiqué du FN. 

André Labarrère, dans un communiqué, déclarait accepter la responsabilité morale que lui prête le président du FN, mais précisait que «ce n'est pas mon refus, pour des raisons techniques, de l'université d'été du Front National, qui est à l'origine de ces actes aussi stupides que ridicules». 

«Il paraît que Jean-Marie Le Pen veut me faire un procès. Qu'il le fasse, je l'attends de pied ferme»... Tu m’étonnes...

«Qu'il y ait des hommes qui s'aiment, pourquoi pas?»

D'ailleurs, en 2004, au-delà des discours officiels du FN stigmatisant l'homosexualité comme une «anomalie biologique et sociale», Jean-Marie Le Pen avait  entretenu une certaine indulgence sur ce thème. Il avait atterré ses propres militants en déclarant: «Qu'il y ait des hommes qui s'aiment, pourquoi pas? Si l’on veut donner à cet outing un caractère officiel, ce n’est pas une affaire d’Etat». Le Front avait dû faire paraître une mise au point à la suite de cette sortie, étrange, de son président.

En 2012, le DayliMail - lire “Far right French nationalist Jean-Marie Le Pen 'had a homosexual experience with another politician'”  reprend l’information détaillée dans le la biographie de Le Pen, écrite par Philippe Cohen et Pierre Pean “Le Pen, une histoire française,” en indiquant que Labarrère et Le Pen aurait eu une aventure homosexuelle dans les années 1970 et qu’une décennie plus tard, Le Pen aurait écrit une lettre d’amour à son “ami spécial”, lui disant “A la mémoire de nos délicieux moments passés ensemble”.

Fantasme ou réalité ? Sacré Jean-Marie !

Le Pen comparait pour "provocation à la haine et injure publique envers les homosexuels" et se rend, ce samedi, Chez Michou
Retour à l'accueil