On les avait quittés le 5 octobre sur une nouvelle mobilisation d'ampleur dans les rues de Paris et Bordeaux. Cinq mois plus tard, la Manif pour tous est de retour. Non pas pour une marche mais avec l'ambition de peser sur les élections départementales des 22 et 29 mars, comme ils ont tenté de le faire avec un succès mitigé pour les municipales et les européennes de 2014.

Faîtes ce que je dis, pas ce que je fais

Présidente du mouvement qui n'a jamais osé se lancer lui-même à l'assaut d'un scrutin, Ludovine de la Rochère présentait, jeudi 26 février, sa charte des candidats qu'elle va proposer aux 18.000 postulants. Ce texte repose sur une série de huit principes et cinq engagements que les signataires s'engagent à respecter s'ils sont élus dans les conseils départementaux. L'opposition au mariage pour tous y est bien sûr évoquée. "Le mariage est l’engagement que prennent un homme et une femme l’un envers l’autre de s’aimer, fonder une famille et éduquer leurs enfants", peut-on lire dans le principe numéro 2.

Mais ce sont surtout les questions de genre et reproduction qui tiennent une place importante dans ce texte. L'engagement numéro 2 stipule ainsi que le candidat s'engage à "s'opposer à tout soutien du conseil départemental ou d’un de ses organismes, qu’il soit financier, matériel ou logistique, à toute organisation promouvant l’idéologie du genre en milieu scolaire". Quant au numéro 5, il est ainsi rédigé: "je m'engage à veiller à ce que le conseil départemental n’apporte aucune aide, financière, matérielle ou logistique aux associations ou campagnes de communication promouvant explicitement ou implicitement l’idéologie de l’indifférenciation sexuelle, la GPA ou la PMA sans père (deux pratiques interdites par la législation française)".

Signer la charte n'est pas une garantie d'élection

"L'électorat qui est proche de la Manif pour tous se positionne beaucoup par rapport aux questions de famille. Pour beaucoup, c'est même le principal élément qu'ils prennent en compte au moment de voter. Ils veulent donc des engagements fermes de la part de leurs élus. Avec notre charte, on permet donc aux candidats de faire connaître leurs convictions. Et nos sympathisants peuvent se repérer facilement et savoir qui pense quoi", explique un membre du pôle "élus" de LMPT.

La Manif pour tous qui se présente toujours comme apartisane et apolitique refuse pourtant de parler d'un "label" attribué aux candidats, encore moins d'une consigne de vote. Ce serait seulement un moyen d'aiguiller les leurs vers les candidats proches de leurs idées. Pourtant, lors des municipales, Ludovine de la Rochère appelait "les Français à voter pour les candidats qui ont signé la charte de La Manif Pour Tous en faveur de la famille, exprimant ainsi leur refus d'une société fondée sur l'individualisme".

A LMPT, on insiste sur le fait que les candidats sont très demandeurs. "Pendant les municipales, on a souvent reçu des appels de candidats pour nous demander quand il apparaîtrait sur notre carte", ajoute ce cadre. Il n'est pas peu fier des résultats obtenus par les personnes qui ont signé la charte. Ils étaient 2400 candidats, dont 700 têtes de liste.

"Selon nos calculs, on arrive à 53% de candidats élus ce qui est beaucoup mieux que la moyenne nationale si l'on compare le nombre d'élus et le nombre de candidats", se félicite-t-on à LMPT. Sauf qu'un rapide calcul permet de constater l'inverse. En mars 2014, ce sont 925.000 candidats qui ont brigué le suffrage des Français pour environ 535.000 postes de conseillers municipaux. Ce qui signifie que 58% des candidats ont été élus. Pour les européennes, le bilan est meilleur: LMPT assure que "plus du tiers des eurodéputés français sont signataires de la charte Europe for family" soit environ 25 élus pour quelques 200 signataires.

"L'orientation politique des candidats ne nous regarde pas"

De l'élection à l'autre, il y en revanche une constante: c'est bien sur la droite (et l'extrême-droite) de l'échiquier politique qu'il faut chercher les signataires. Un rapide coup d'oeil à la liste des personnalités mises en avant sur le site des municipales permet de s'en rendre compte: Jean-Christophe Fromantin (UDI) y côtoie Laurent Wauquiez et Camille Bedin (UMP), eux mêmes aux côtés de Robert Ménard ou Jacques Bompard (EXD). "Nous avons tout de même quelques candidats de gauche. Mais surtout, ce qui est important c'est que plus de 60% sont sans étiquette", assure LMPT.

"Le combat pour la famille transcende les partis et l'orientation politique des candidats ne nous regarde pas", ajoute-t-on à la direction du mouvement. Pas question donc de refuser la signature d'un candidat sous prétexte qu'il serait FN.

"On ne se fixe pas de limite ou plutôt si, une seule: que les valeurs du candidat soient compatibles avec les nôtres", précise-t-on. Et quand la question est posée de savoir ce que LMPT ferait avec un candidat qui a signé la charte et qui tiendrait ensuite des propos homophobes, racistes ou antisémites, la réponse est embarrassée. "Ce serait très emmerdant et c'est vrai que ça appelle de notre part une vraie réflexion. Mais aux municipales, on n'a pas hésité à refusé la signature d'un candidat qui avait tenu des propos inacceptables", assure-t-on.

 

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